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THIERRIAT 297 de ses journées pour faire le dîner du cher enfant. En- fin, avec quelque argent qu'on lui fit parvenir, elle réso- lut d'aller, dans le midi, rejoindre ses maîtres, mais elle fut arrêtée aux portes de Lyon et emprisonnée dans les caves de l'Hôtel-de-Ville avec une foule de suspects des- tinés comme elle à la guillotine. Elle fuyait, donc elle était coupable. Thérèse, sœur de Françoise, avait recueilli le petit Auguste. Elle obtint un jour la permission de vi- siter sa soeur en prison et lui amena l'enfant. Mais, à la vue de sa bonne Françoise, enfermée dans cette noire prison, ses larmes coulent, ses sanglots éclatent, son cœur se soulève; il rend tout son dîner. Pourquoi passer sous silence des détails choquants peut-être, mais qui prou- vent l'affection de Thierriat pour sa protectrice? Dans Homère, au neuvième chant de Y Iliade, le vieux Phénix, pour attendrir Achille, ne rappelle-t-il pas à son élève les soins qu'il a reçus de lui dans son enfance, les repas qu'il a pris sur ses genoux, le vin qu'il a rejeté de sa bouche sur la tunique de son second père? Et, comme Phénix, la bonne Françoise était fière de ces détails qu'elle nous ra- contait dans sa vieillesse. Cependant, les jours s'écoulaient pour elle en prison, et de nouveaux venus comblaient constamment les vides que faisait la guillotine en permanence, sans que le tour de Françoise arrivât. Un jour vint enfin où le geôlier ap- pela la citoyenne Tisseron ou Tisserand ; une femme de ce nom répondit à l'appel, et Françoise, restée modeste- ment derrière les autres prisonniers, fut encore épargnée. Elle n'a jamais su si elle devait son salut à un retard ou à une erreur très-possible dans ces temps de désordre. Quoi qu'il en soit, peu de jours après, les prisons s'ouvri- rent, lorsque Tallien renversa Robespierre, dans la jour- née du 9 thermidor.