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222 VICTOR DE LAPRADE « Ceux qui n'insultent pas aux œuvres de leurs pères ; Ceux qui sont au devoir plus âpres qu'au bonheur, Qui, sous leurs humbles toits, trouvent leurs jours prospères, Quand leurs fils, pour tous biens, ont le pain et l'honneur ; « Ceux qui n'adorent pas le stérile bien-être, Qui servent leur pays sans lui demander rien ; Qui, pour un lit de pourpre, aux gras festins du maître, Pauvres, ne vendaient pas leurs droits de citoyen » Quoi qu'il en soit, royaliste et catholique, Victor de Laprade a fait preuve d'audace en écrivant ce mot sur son drapeau : Liberté, et quelques-uns de ceux qui aiment Dieu et le roi, — non a sa manière, — pourraient bien le ren- voyer a Marathon où Eschyle se faisait soldat pour.... cette déesse grecque. Et puisque je parle d'audace, qu'on lise le Roi Guillaume, stigmate rutilant de l'assassin gravé par le fer rouge du bourreau sur le front du barbare, ce rugissement du lion contre la fureur d'un monstre. « . . Guillaume le maudit, Vous n'êtes pas un roi, vous êtes un bandit. » Ce vers sera le jugement de l'histoire. Un si profond et si terrible sentiment d'indignation devait, dans le même esprit, je dirais mieux : dans le même cœur, en faire naître un autre : celui de la vengeance. La Terre de France l'exprime en termes farouches. « Chênes bretons, sapins des montagnes avernes, Des rhythmes que j'aimais sombres inspirateurs, Chantez aux morts, chantez aux hommes des cavernes, Chantez le vieux bardit sur toutes les hauteurs. « N'ayez plus un soupir, un accord, un murmure Four les forêts de l'âme et les blondes amours ! Secouez dans la nuit votre âpre chevelure Sur de noirs bataillons de loups et de vautours !