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                         VICTOR DE LAPBADE                     223
    « Répandez des rumeurs farouches, inhumaines,
    Jusqu'au jour où nos fils offriront, tout joyeux,
    Sous vos rameaux, parcs de dépouilles germaines,
    Le festin de vengeance aux mânes des aïeux,
    « Je ne te verrai pas, réveil de la patrie ;
    Mais ma voix expirante a voulu te sauver.
    Mes vers entretiendront ta flamme et ta furie
    Quand moi je serai mort... et mort sans pardonner.
    « La terre à flots boira le sang noir des victimes,
    Du barbare insolent qui vint nous outrager.
    Honte à qui nous rendit la honte et tous ses crimes I...
    Mais que le sol français dévore l'étranger !
    « Et la harpe dira l'hymne de délivrance ;
    De farouches clameurs courront de rang en rang,
    Et sous la terre humide, à la chaleur du sang,
    Mes os tressailleront, abreuvés de vengeanee. »

   On dirait entendre la voix sombre d'un vieux barde se
levant, après dix-huit siècles, de son tombeau, pour enton-
ner l'hymne de guerre dont la Gaule saluait les Césars avant
de mourir.... ou de vaincre. Jamais le patriotisme n'a eu
d'inspiration plus énergique et plus gauloise que celle-là,
et ces vers a la France surprise mais jamais lâche, profanée
mais jamais esclave, suffiraient seuls a mériter au poète une
place parmi ses grands citoyens.


                                         Léandre BROCHERIE.