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LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 469 ans d'existence. » Aujourd'hui son calcul ne serait plus juste ; il faudrait le double à cet éminent bibliophile pour arriver au même résultat. Moins favorisé par les circonstances que MM. Coste, Yéméniz, Cailhava et Coulon qui vivaient au bon temps, au temps de Lyon la riche, comme disait Pétrus Borel, M. Renard a dû se contenter souvent d'acheter les livres amassés par ces grands collectionneurs, ou ceux d'au- tres amateurs célèbres de Paris. Les siens sortent aussi, pour la plupart, des bibliothèques plus ou moins célèbres mises en vente dans ces derniers temps. On peut citer celles de M. de Chaponnay, de M. P. Desq, de Lyon; de M. Chedeau, deSaumur; du prince Eadziwill, de M. Yé- méniz, de J.-G. Brunet, du baron J. Pichon. Les catalo- gues des libraires et notamment ceux de Potier ont permis à M. Eenard de rencontrer un grand nombre d'ouvrages dont la belle condition a été faite ensuite à ses frais et par ses soins éclairés, et il a pu ajouter à beaucoup des .por- traits et des autographes qui en ont singulièrement aug- menté l'intérêt et la valeur. Dans la pensée de former une Bibliothèque réunissant la forme et le fond, comprenant tout ce qui est nécessaire aux études sérieuses, en même temps que ce qui peut plaire à l'homme de goût, il a donné à sa bibliothèque plus de variété que d'éclat. Il n'a pas négligé les classiques, ni rejeté les grands formats, imitant en cela les anciens amateurs, et, sous d'autres rapports, se rapprochant du goût actuel pour les-raretés bibliographiques à la mode, car la mode exerce aussi son empire dans les bibliothèques. On constate, en effet, par les catalogues des anciennes bibliothèques particulières, que le goût des amateurs contemporains diffère sensiblement de celui des anciens. Ceux des xvie, xvne et xvme siècles se souciaient fort peu des Incunables, des impressions dites gothiques. Ils recherchaient surtout les éditions contemporaines, sur papier de choix ; ils les faisaient habiller richement, à leurs devises et à leurs armes, de maroquin et de dorures, genre de goût et de luxe dans lequel ils ne seront jamais dépassés. Je pourrais citer comme preuve de ce fait la belle bibliothèque de Camille de Neufville-Villeroy. Ce prélat éminent s'était plu à se former une bibliothèque qui passait pour une des plus belles de son temps et qui heureusement subsiste encore en grande partie, car à sa