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170 LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON mort il la légua aux PP. Jésuites qui dirigeaient alors le collège de la Trinité (le Lycée actuel). Un heureux hasard m'en a fait retrouver le catalogue manuscrit dressé en 1 693 par ordre de justice, par deux libraires de Lyon. Dans cette riche collection l'ouvrage le plus ancien n est pas antérieur à 4550 et elle se compose, en majeure partie, de volumes in-fol. et in-4, dans les plus- riches conditions et presque tous aux armes du prélat. Les amateurs de nos jours cherchent, au contraire, arvi- dement les éditions originales, les romans de chevalerie, les manuscrits anciens enluminés, les riches reliures an- ciennes, et tout récemment les livres à gravures du xvin e siècle. Par contre, les classiques, proprement dits, sont négligés, et on aime maintenant les petits formats, car dans nos étroites habitations modernes, dans ces ruches humaines où nous nous entassons aujourd'hui, la place nous manque pour ces magnifiques in-4° et in-f° qui faisaient l'orgueil et la gloire des anciens collectionneurs, et qui sont aujourd'hui relégués dans les bibliothèques publiques. Disons cependant que par un retour du caprice de la mode, on recherche depuis quelque temps les volu- mineux monuments de jurisprudence ancienne, contenus, la plupart, dans de splendides in-f°s longtemps dédaignés. La collection entreprise par M. Renard renferme, à ce jour, environ 3200 numéros ou articles, dont 680 pour la théologie, les sciences et les arts, 4150 pour les belles lettres et 1380 pour l'histoire et la bibliographie. Elle contient des ouvrages en tout genre, mais certaines par- ties, comme cela arrive toujours, sont beaucoup plus riches que d'autres. La perfection et l'élégance de l'im- pression étant un des mérites que M. Renard apprécie le plus dans les livres, il a recherché surtout beaucoup d'éditions Aldines et Elzéviriennes dont les exemplaires sont, pour la plupart, dans les plus belles conditions. En fait de classiques latins, il possède quelques riches éditions anglaises, et a réuni un certain nombre de magnifiques impressions des Didot sur papier de choix et sur velin. Il a rassemblé aussi certains ouvrages, en grands formats, un peu démodés, — car où cette folle qu'on appelle la mode ne se glisse-t-elle pas ? — mais ces ouvrages, heureusement, auront toujours raison de figurer dans une collection de choix, à meilleur titre que bien des livres ignorés hier, et aujourd'hui fort recherchés.