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                    ET BREGHOT DU LUT                  i 43

éditions de 1555 et de 1556 ayant été publiées du vivant
et sous les yeux de la Belle Cordière, il y avait lieu de
croire qu'elle avait approuvé l'orthographe adoptée par
Jean de Tournes. Au surplus, Breghot ne voulait pas
précisément moderniser celle-ci; il désirait seulement la
rendre intelligible à tous ses lecteurs, et c'est ainsi, du
reste, que de nos jours, on est parvenu à vulgariser la
plupart de nos vieux auteurs, qui cesseraient d'être com-
pris du plus grand nombre, si on les rééditait exactement
selon l'orthographe du temps où ils écrivirent.
    En définitive, Breghot se décida à suivre l'orthographe
de Jean de Tournes, malgré l'avis contraire d'Amanton.
A cette occasion, Breghot relança tout doucement son
ami, qui lui avait écrit que « la tournure d'esprit de la
Belle Cordière ne permettait guère de penser qu'elle avait
eu un système à elle sur l'orthographe que, probablement,
elle savait comme les femmes de son temps les mieux éle-
vées la savaient, c'est-à-dire pas du tout. » A cela, Bre-
ghot répond qu'Amanton oublie que « Louise Labé n'était
pas une femme ordinaire ; qu'elle savait le grec, le latin,
l'italien et l'espagnol, et qu'elle avait fait des vers dans
plusieurs de ces langues, notamment des vers latins, dont
le recueil manuscrit, aujourd'hui perdu, paraît avoir été
 entre les mains du P. Menestrier. Or, est-il permis de
 supposer qu'une femme aussi instruite ignorât l'ortho-
 graphe, et peut-on croire qu'elle ait été incapable de se
 former un système sur ce point? »
    Mais revenons aux questions posées dans sa lettre. Il
 obtint peu d'éclaircissements sur les fleurs et arbustes y
 indiquées, sauf en ce qui concerne le damas, qui parut à
 Labouïsse-Rochefort et à Pougens, de l'Institut, la nigella
 damacesna de Linnée. Car l'Institut ne se désintéressait
 pas de ces petits débats entre savants, et Pougens envoya