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134 PERICAUD un talent de production restreint, relatif, et dont la répu- tation est l'œuvre de la prévention, d'un engouement de localité plutôt que l'enseigne d'un mérite réel et con- sacré. Toutefois, il est des savants modestes que la simplicité de leurs goûts ou le soin de leur fortune a retenus au fond de la province et qui, connus par une valeur intellectuelle incontestable et l'utilité de leurs travaux, ont des droits légitimes à nos sympathies ; car il ne leur a manqué, pour être mis à leur rang, que d'être placés sur un plus brillant théâtre. Pericaud et Breghot du Lut sont de ce nombre. Tous deux habitaient Lyon. Ils cultivèrent les lettres de concert, et, rapportant modestement l'un à l'autre le mérite de leurs succès et de leurs travaux, ils furent un modèle touchant d'affection et d'abnégation littéraire. Un double lien de parenté les unissait (ils étaient cousins et devinrent beaux-frères), mais ils furent plus unis encore par la conformité de leurs goûts et de leurs études. Ils ont vécu, médité, pensé ensemble, si l'on peut dire ; ils ont obéi aux mêmes inclinations, aux mêmes aptitudes1, suivi le même ordre d'idées, puis écrit en se consultant, en s'inspirant l'un l'autre ; et c'est pour cette raison que nous les comprenons dans une même notice, c'est pour cela que nous ne séparons pas deux coeurs si bien faits pour s'ai- mer, deux esprits si bien faits pour s'entendre, et qu'on avait, au surplus, surnommés les « inséparables. » Arca- des ambo. Breghot du Lut était de deux ans moins âgé que son beau-frère ; mais comme il occupe une plus grande place que celui-ci dans la correspondance.d'Amanton, nous le présenterons le premier au lecteur. Il était né à Montluel (Ain), en 1784, d'Antoine-Joseph Breghot du Lut,avocat au