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DU SURNATUREL. 443 combien du princes, combien de particuliers ont eu de bonnes ou de mauvaises fortunes par la même voie ; combien de per- sonnes affligées de n'avoir point d'enfants, ont vu remplir par là leurs désirs ; combien d'autres ont évité les effets de la colère des démons, ou, étant estropiés, ont été rétablis dans la pre- mière disposition de leur corps ; combien de gens enfin, coupa- bles d'avoir violé le respect dû aux lieux saints, en ont été punis sur l'heure, les uns perdant l'esprit à l'instant, les autres découvrant leurs crimes cachés, les uns se tuant eux-mêmes, les autres tombant en des maladies incurables ; jusque là que l'on en a vu expirer à l'ouie d'une voix terrible sortie du fond du temple (1). • > Le païen Cécilius, dans Minutius Félix, allègue les mêmes choses. « Regardez, dit-il, ces temples des dieux qui protègent et décorent la grande cité romaine, ils sont moins riches par l'opulence des dons et la splendeur du culte que vénérables par fa présence des divinités qui les habitent.. C'est de là que des prophètes, divinement inspirés, annoncent les choses futures, donnent des garanties contre les périls, guérissent les malades, rendent l'espérance aux affligés, secourent la pauvreté, conso- lent le malheur. Nous voyons même les dieux pendant le som- meil, nous les entendons, nous les reconnaissons (2). » De ' pareils témoignages se retrouvent dans Athenagore, Tertullien, Arnobe. On le voit, ce sont, des mains chrétiennes qui nous ont con- servé ces pièces justificatives delà croyance des païens au sur- naturel. Et cette circonstance est loin d'en atténuer la valeur ; car les chrétiens n'ajoutaient aucune foi au surnaturel païen commp fait. Mais voici.une pièce qui nous est arrivée directe- ment du paganisme : C'est la divination de Cicéron, pièce dou- blement considérable et par les choses qu'elle renferme et par la renommée de son auteur. On a parlé diversement de ce livre. Nous l'envisagerons sous le point de vue qui touche à notre (1) Contra Celsum, lib. rai. (2) Minutius Félix, pp. 18 et 19.