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                       ÉPITRES D'ANGE POLITIEN.                        413
  pour l'accueillir ainsi qu'il lui appartenait. Premièrement
  les prélats,seigneurs, comtes et chanoines de Saint-Jean de
 Lyon,avec tousles autres chanoines, curez et prestres dudit
 lieu ; les quatre mendiants (1) et autres religieux, tous
 revêtus d'ornements somptueux, portant reliquaires, châs-
 ses, fiertés et autres précieuses reliques, etc..
    « Après Vinrent les gouverneurs de Lyon, tant de jus-
 tice qu'autrement, accompagnez de grands et riches mar-
 chands, ensemble et de plusieurs autres ; et furent faire
 la révérence et la bienvenue au Roy, lequel étoit lors
 outre le pont du pont du Rhône, où il faisoit, pour son
 plaisir, courir la lance à deux ou trois de ses Mignons.
    « Après sortirent tous les principaux enfants de Lyon,
 montez, bardez et accoutrez de chaînes, bagues, joyaux et
 autres singularitez, le mieux que l'on avoit jamais vu, et
 tous vestus et habillez de grands et larges sayons (2), l'un
 comme l'autre, lesquels il faisoit beau voir... La ville étoit
 tendue, tapissée, garnie et accoutrée le plus somptueuse-
 ment qu'on avoit sçu faire, de grandes tapisseries et au-
 tres choses très-belles. La porte où le roi passa, et aussi
 par tous les carrefours par où il devoit passer, il y avoit
 des échaffauts, mystères et histoires, avec leurs dicts et
 sentences par écrit ; faits et compris d'entendement mer-
 veilleux.
    « Item, en plus de cent endroits, il y avoit au travers
des rues des écussons pendant en l'air, à la mode d'Italie,
environnez de gros chappelets de fleurs et autres verdures
joyeuses ; dedans lesquels écussons étoient les armes mi-

  (1) Ce sont les Franciscains, établis à Lyon en 1218, les Dominicains
en 1316; les Carmes en 1303 et les Augustins vers l'an 1,000, sous le
pontificat de Burchard II, le premier archevêque qui ait été souverain de
Lyon. Ces quatre ordres y ont subsisté avec quarante autres cloîtres ou
maisons religieuses jusqu'en 1790. Ils contenaient, en 165G, d'après Chap-
puzeau (Lyon dans son lustre, p. 75), 1635 religieux des -deux sexes.
  (2) Saye ou sayon, habit militaire, dérivé du latin sàgum.