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396                          NÉCROLOGIE.

Voici une courte notice nécrologique empruntée à là Semaine
religieuse du 26 avril dernier. En louant le prêtre, elle se tait
sur l'écrivain si dévoué à notre vieille liturgie lyonnaise. Nous
imiterons sa réserve et nous ne révélerons rien de ce que le dé-
fenseur de nos anciennes coutumes a voulu pour le moment lais-
ser dans l'ombre ; la Revue du Lyonnais doit déclarer cependant
que, fidèle à ses traditions littéraires, c'est surtout l'auteur de
vaillants écrits qu'elle veut ici honorer.
   M. Vincent était né le 20 février 1801, à Givors, d'une famille
d'honnêtes commerçants ; ses parents, d'une foi généreuse, ouvrirent
souvent, pendant les mauvais jours de notre grande révolution, leur
maison aux prêtres proscrits, sans calculer les dangers que pouvait
leur attirer cette conduite courageuse. Plus tard, le curé de Vaise ne
parlait jamais sans attendrissement de ce dévouement des siens, et
il en racontait plusieurs traits charmants.
   Le jeune Vincent fut d'abord destiné au commerce et envoyé chez
un de ses frères qui dirigeait à Vienne (Isère) une importante fabrique
de draps ; puis à Lyon chez un autre de ses frères qui créait alors un
grand commerce de mousselines et dont le nom est resté comme un
symbole de loyauté, d'honneur et de délicate charité ; mais, vers l'âge
de dix-huit ans, un impérieux désir de commencer ses études afin de
se consacrer à Dieu vint agiter ce jeune cœur.
   Sa famille possédait dans la paroisse d'Échallas une modeste maison
de campagne; ce fut au pasteur de cette petite localité, prêtre d'une
éminente vertu et d'une exquise bonté, que s'ouvrit de son dessein
le jeune Vincent. Il rencontra là tout à la fois un approbateur ardent
pour sa vocation et un professeur empressé pour ses travaux. Les
progrès furent rapides, l'esprit pénétrant et tenace du jeune homme
facilitèrent singulièrement la tâche du maître. '
   Au bout de quelques mois, l'élève du bon curé d'Échallas venait
à Meximieux, petit séminaire dépendant alors du diocèse de Lyon,
achever ses études. .Ses condisciples se rappellent encore ses succès.
Après sa rhétorique,- le jeune Vincent se faisait inscrire à Alix pour
étudier la philosophie et l'éloquence sacrée. Son amour du travail
était le même, ses progrès remarquables, facilités encore par un goût
prononcé pour les hautes questions de la philosophie chrétienne. Ce
goût ne s'est jamais éteint en lui ; quelques semaines avant sa mort, il
lisait avec plaisir les œuvres du vicomte de Bonald.
   Ce fut aux Chartreux que M. Vincent se présenta pour suivre le
cours de théologie. M. Mioland était alors supérieur de la maison des
missionnaires ; c'est de ce maître distingué, dont il aimait tant à rap-
peler la majestueuse bonté et les conseils toujours marqués au coin
d'une raison éclairée et d'une piété profonde, qu'il reçut les saintes
leçons qui le préparaient aux vertus ecclésiastiques. Il fut ordonné
prêtre le 31 mai 1828 et nommé économe à Alix le 26 septembre de
la même année. A cette fonction, il joignit bientôt le titre de profes-
seur d'éloquence sacrée ; grâce à ce double emploi, M. Vincent pou-
vait mettre à profit une aptitude spéciale pour la comptabilité et l'ad-