page suivante »
332 VOIES ROMAINES DE LUGDUNUM. carte de Peutinger, qui est beaucoup plus ancienne que l'Itinéraire, ainsi que l'a prouvé le savant Mannert, le d'An- ville de l'Allemagne, ne place entre Lyon et Mâcon qu'une station sous le nom de Ludna à 21 lieues gauloises de la première, et à 19 de la seconde. L'Itinéraire partage la dis- tance entre les deux villes. en trois parties égales de dix lieues gauloises chacune et place deux stations, la première, en partant de Lyon à Assa Paulini (Anse) et la seconde à Lunna. On voit que ces deux documents diffèrent com- plètement sur la position des stations intermédiaires, et pourtant, chose remarquable, ils s'accordent parfaitement entre eux sur la distance totale entre les deux villes, qui est de 30 lieues gauloises, soit 45 milles romains. Hâtons- nous d'ajouter que ces chiffres sont/ d'une exactitude hors de toute contestation, puisqu'ils concordent d'une manière remarquable avec la distance actuelle qui est de 66 kilo- mètres et demi. Il n'en subsiste pas moins entre ces deux documents une différence tellement tranchée, qu'elle n'est point de celles qu'on peut expliquer par une erreur de chiffres, genre de solution si souvent employé par d'An- ville, mais tout à fait inadmissible dans cette circonstance. Au xvie siècle, le géographe Josias Simler, ne s'attâ- chant, comme on le faisait de son temps, qu'.à de préten- dues analogies de noms, sans s'inquiéter de la position ni des distances, déclara que Cluny était l'antique Lunna. Il alla même plus loin et soutint qu'au lieu de Lunna ou de Ludna, il fallait lire Clunia, dans la Carte comme dans l'I- tinéraire. Son opinion, tout étrange qu'elle était, fut pres- que généralement adoptée (I). Au xviie siècle, le savant (1) Ce qui est encore plus étrange, c'est que nos anciens géographes se soient égarés sur les traces d'un géographe suisse qui, sans aucun doute, n'avait point vu les localités dont il parlait. Pour trouver la vérité, il suffisait d'ouvrir les Mémoires de l'Histoire de Lyon, de notre vieil histo- rien Paradin, contemporain de Josias Simler, qui écrivait ce qui suit en 1573 : « Belleville en Beaujolois, que les antiques nommoyent Luna