Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
24                     POÉSIE.

     Mais la Fourmi n'est pas prêteuse,
     Et nul ne lui donnait du pain.
     Chante, Cigale bien-aimée,
     Élève ta voix vers les cieux ;
     Par toi la campagne embaumée
     Charme le cœur comme les yeux.
     Si tu souffres de la froidure,
     Si pour toi l'hiver est mortel,
     Songe au maître de la nature
     Qui fit le génie éternel.

          LE CHÊNE E T LE ROSEAU

     Le Chêne, un jour, dit au Roseau :
     « Pour vous j'accuse la nature.
     Le moindre vent qui d'aventure
     Fait rider la face de l'eau
     Vous oblige à baisser la tête.
     Quand mon front au Jura pareil
     Brave les vents et le soleil,
     Tout est pour vous choc et tempête. »

     « — Merci, répondit le Roseau,
     Mais le vent n'est pas redoutable.
     Le choc le plus épouvantable
     Me fait pencher le long de l'eau ;
     Je plie et ne romps pas. Vos branches
     Auraient plutôt besoin d'appui,
     Car je vois venir aujourd'hui
     La plus rude des avalanches. »

     En effet, voici que du nord
     Accourt la tempête en furie ;
     Le Roseau penche ; l'Arbre crie,
     Lutte, mais cède sous l'effort ;
     Et quand eut cessé le tonnerre,
     L'un se redressa mollement,
     L'autre, étendu comme un géant,
     Pour jamais resta sur la terre.

                        •f
                                             *   i