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HÔPITAL DE LA QUARANTAINE. 243 Tout ce que l'on peut admettre comme probable, d'après les savants les plus autorisés, Ozanam, Marchai, c'est que, dans la plupart des cas, il s'agit bien de l&pestebubonique, et que cette maladie a été aussi fréquente en France qu'elle le fut en Egypte et en Turquie, jusqu'à une époque récente. Si quelques épidémies de nature différente ont été con- fondues sous le même nom, elles n'ont pas une gravité moindre, causent le même effroi et provoquent les mêmes mesures. Cette confusion, d'ailleurs, n'était pas alors toujours aussi facile à éviter qu'on pourrait le croire. A Venise, en 1575, les médecins de la ville n'étant pas d'accord sur le caractère d'une affection pestilentielle qui s'était déclarée, le Sénat fit appeler deux médecins célèbres de l'Ilalie, Mercurialis et Capo-di-Vaccas, qui déclarèrent, en présence du doge, que la maladie n'était pas contagieuse. Cependant le mal prit bientôt après une telle force que dans l'espace d'une année, plus de cent mille personnes, y com- pris les médecins non contagionistes, en furent les victi- mes (1). A la fin du siècle dernier, L. Frank constate qu'en Egypte même, des médecins ont cru avoir guéri de nombreux ma- lades de la peste confondant cette maladie avec la fièvre bilieuse et le typhus pétéchial (2). Dès le xve siècle, on voit s'établir en Europe le système des quarantaines, introduit en 1403, avec l'usages de laza- rets, par les Vénitiens. "Il est appliqué successivement à Marseille et à Lyon et l'on trouve des traces de son em- ploi à Villefranche dans l'épidémie de 1468. Au commencement du xvie siècle, par la généreuse ini- tiative d'un de ses bourgeois, la capitale du Beaujolais possède à son tour un lazaret. (1) Larrey. Projet de rapport communiqué à la commission de l'Aca- démie de médecine, 1825. (2) L. Frank. De peste, dysscnteria et ophtalmia œgyptiaca. 1820.