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CHRONIQUE LOCALE Rien de nouveau dans notre bonne ville. Nous avons toujours un maire et un préfet, des secrétaires et des ad- joints, des conseillers municipaux et des bureaux, le tout faisant aller nos petites affaires leur petit bonhomme de chemin. Nous avons un hiver dans les prix doux. Quelquefois un peu de soleil et quelquefois un peu de froid; rien de trop. Les conférences fleurissent ; il est encore des gens qui désirent appren- dre et s'instruire, surtout quand l'entrée est gratuite. Celle qui a eu le plus de portée est celle que M. Berlioux a donnée sur les voyages du Dr Livingstone à travers l'Afrique centrale. M. Berlioux, qui a fait un livre si remarquable sur l'esclavage, a captivé ses auditeurs en parlant du célèbre voyageur anglais, qui cherche à détruire à sa source un des fléaux de l'humanité. L'esclavage est une honte autant qu'un malheur. En pour- suivant sa tâehe à travers un pays que, dans notre ignorance, nous re- gardons comme un désert de sable à peine habité, Livingstone trouve des forêts profondes, des lacs immenses, des contrées d'une fertilité inouïe. L'Afrique physique est réhabilitée ; reste à l'Afrique morale à s'élever au niveau de ses sœurs. De ce côté, nous n'avons à nous vanter que médiocrement. Nous avons toujours à Lyon un joli petit contingent de crimes et de délits. Un peu de civilisation et de moralité ne seraient pas hors de saison. Quant au savoir, la Revue Deux Mondes nous apprend que Crémieu, les Abrcts et le lac de Faladru sont dans le Bugey, et, l'autre jour, un Parisien croyait que la Cour d'Aix était sur les bords du Bourget, à quel- ques kilomètres de Chambéry. On en sait autant à Tombouctou. Si nous savons peu, ce n'est pas faute de lieu de réunion ; il est vrai que ce ne sont pas des écoles. Un de nos confrères a eu l'idée de compter les lieux de distraction qui existent dans notre ville. Il a trouvé 15 théâtres, savoir : Le Grand-Théâlre, les Nouveautés, le Gymnase. Puis le théâtre de la rue Magneval, situé dans cette rue, n° 3 ; le théâtre de Ste-Blandine, dans la rue de ce nom, n° 7; le théâtre de la Croix-Rousse, grande rue de Cuire, 4 le théâtre de Société, rue Lebrun, n° 9; le théâtre Noël, lue de la Pyra- mide, n° 3 ; le théâtre du Cercle gaulois, rue du Bœuf, 34; le théâtre du Cercle des familles, quai Pierrc-Scize, n° 75; le théâtre des Quatre Colon- nes, à Saint-Just ; le théâtre des iVontagnes gauloises, rue Saint-Georges, n* 120; les Folies-Lyonnaises, rue Basse-du-Port-au-Bois, et la Crèche que nous allions oublier. En outre, nous avons cinq cafés-guignols, deux grands cafés chantants et une vingtaine d'établissements où l'on danse. — Quelques hommes d'élite se sont réunis pour créer une Société de géographie a Lyon. Jamais création ne viendra plus à propos. — Nous avons perdu, le 12 février, un de nos savants les plus aimés, les plus illustres, M. Claude Jourdan, doyen honoraire de notre Faculté des sciences, ancien directeur du Muséum d'histoire naturelle, professeur à notre Ecole des Beaux-Arts. — Le 18 a commencé la vente de la précieuse galerie de M. Alexis. Le public amateur se presse anx vacations et les prix auxquels montent certains objets, montrent combien ce zélé collectionneur avait eu la main heureuse dans ses choix. A. V. Lyon, imp. d'Ami VINGTRINIER,directeur-gérant.