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                 BIBLIOG%AePHIE.

L B PAGE DU BARON DES ADRETS.    — Roman Historique ; par
  M. Antonin   THIVEL.   Seconde édition. Lyon, 1872, in-8.

   S'il fut jamais un titre vénérable et sacré, c'est celui
d'historien, c'est-à-dire de juge, de dispensateur du blâme
et de l'éloge, de punisseur des crimes, de vengeur du faible
ou de l'innocent opprimé.
   Mais combien d'hommes sont dignes de ce titre et de ce
nom? combien tiennent la balance juste et droite? combien
rendent des jugements que la postérité maintiendra?
   Souvent, trop souvent, celui qui tient la plume voit
avec les yeux de sa nation, juge d'après les intérêts de
 son p a y s , flétrit un vaincu malheureux, et glorifie
un impudent que la fortune a jeté par hasard sur un char
de triomphe.
   Aux yeux des Grecs sauvages et cruels, qui égorgeaient
leurs esclaves trop nombreux, les Perses, opulents et civi-
lisés, étaient abâtardis et corrompus.
   Aux yeux des Romains, les Corses étaient de déplorables
serviteurs qui se tuaient quand on leur demandait une
chose infamante.
   Les Gaulois étaient des turbulents qu'il fallait contenir
d'une main ferme ; César était le type des héros. .Vercingé-
torix révolté n'était bon qu'à faire périr dans un cachot.
   Les Francs trouvaient lés Saxons des scélérats dignes
du glaive ; les Sarrasins, qui ont laissé Grenade et Cor-
doue, sont, sous la plume de nos vieux chroniqueurs, de
vrais suppôts de Satan; et, de nos jours, les Grecs moder-
nes n'étaient-ils pas des héros chrétiens ? les Turc? des des-
potes et des bandits? les Italiens nos amis, nos alliés, nos
frères? et les Autrichiens de cruels oppresseurs qu'il fallait
jeter dehors?
   A qui ouvre un livre, il est difficile de deviner si on lit
une page de vérités ou de mensonges et, en effet, peut-on
croire sérieusement qu'il soit possible de couper une
pierre avec un rasoir, ou que les éléphants dorment a p -
puyés contre un chêne et qu'il suffit, pour s'en emparer,
de scier l'arbre sans les réveiller? L'arbre tombe, ainsi que
l'éléphant et comme ce dernier ne peut se relever, rien n'est
plus simple et plus commode que de le tuer dans cette
position critique et désavantageuse.