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          LE BONHEUR DE Ue B.-N. DUFLOT.                  145

t Je n'ai pas sur son cœur conquis un peu d'amour !
  Et pourtant je l'ai prise         au bord de la misère,
   Quand les nobles galahs ne voulaient que lui plaire,
  Et trouver auprès d'elle un moment de plaisir ;
  Moi, de la pauvreté, j'ai voulu la sortir ;
  Et voilà maintenant comment elle me traite !
  Que je fut sot, mon Dieu ! mais la bêtise est faite ;
  Si je m'en mords les doigts, je sais que mon devoir,
  Quand ma fille est nubile, est de la bien pourvoir....
  Mais comment, mais de qui? surtout quand le temps presse
  Et de plus qu'elle est fille, hélas! d'une diablesse.
  J'y pense         Et son cousin? Ce n'est pas le Pérou...
  Mais nous ne sommes pas des Bourbons après tout.
  Réussirai-je ? Hélas ! mon cœur ému palpite
  En songeant d'en parler à la pauvre petite
   Qui n'a pu que rêver colonel, général,
  -Préfet, fortune, honneurs et tout le bacchanal ;
  Les bals l'hiver, les eaux l'été, les amourettes ;
  Que sais-je? les amours, les beaux.... ah! les coquettes!
   Mais il le faut; voyons. On ne perd pas son temps^
   Quand on doit s'occuper du bien de ses enfants......
  Ah ! la voici qui vient. C'est Dieu qui me l'envoie,
   Par ma foi, chaque jour sa beauté se déploie.

                         IV
            MONSIEUR DUFLOT. —     RENÉE.

  Ma Renée, il me faut un moment d'entretien
  Mets-toi là, près de moi ; parlons peu, parlons bien.
  Je le ferai d'abord le premier, comme père,
  Tu répondras après, hein ?          Petite commère,
  Pourquoi te le cacher ? Ta mère, comme moi,
  Tu le sais, tous les deux, nous sommes fiers de toi.
  Ta figure n'est rien , quoiqu'elle soit charmante ;
  Mais partout où tu vus, tout le monde te vante ;
  Et te voilà tantôt arrivée à vingt ans.
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