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108' ÉPITRES D'ANGE P0L1TIEN. une sorte de linceul d'où il fallût les tirer pour en faire valoir les trésors, en assurait au contraire la diffusion. Ainsi, Montausier , l'heureux époux de la belle Lucie d'Angennes, qui faisait un grand cas des lettres d'Ange Politien,en avait toujours des exemplaires qu'il donnait vo- lontiers aux savants qu'il honorait de sa puissante amitié. Nous lisons dans les mélanges de Vigneul Marville qu'un abbé de Chavannes « auquel il fit ce régal » lui dit, en le remerciant, que cet auteur i.vait été loué dans une épitaphe d'être un ange d'une espèce extraordinaire qui n'ayant qu'une tête, avait trois langues : Politianus hoc tumulo jacet, Angélus unum Qui caput, et Unguas, res nova, très habuil. M. de Montausier qui ne trouvait jamais rien de bien, à sa fantaisie, répondit à l'abbé que c'était là l'éloge d'une femme et non pas d'un homme. « Cela serait vrai, Mon- sieur, répartit l'abbé, si le poète avec trois langues, avait donné trois têtes à Ange Politien (1). Voici, du reste, en quels termes, quarante ans plus tard, Bernard de La Monnoye recommandait cette œuvre dans le Ménagiana : « Les lettres d'Ange Politien, et les réponses qu'on y a faites, recueillies en un volume divisé en douze livres, mériteraient fort, par l'abondance des bonnes choses qu'elles contiennent, qu'un habile homme, qui aurait du loisir, en- treprît de les traduire, jet d'y ajouter des commentaires propres à éclaircJr les endroits obscurs, et surtout l'his- toire des sçavants de ce temps-là (2). » (1) Dom d'Argonne, Mélanges, Paris, 1725, t. IIe, p. 182.) (2) Ménagiana, tome I er , p. 137, éd. do 1729. Ces douze livres con- tiennent 257 lettres, soit Ski de Politien et 116 qui lui sont adressées. D'après la Biogr. univ. d'Hocfer, c'est un des documents les plus intéres- sants et les plus instructifs à consulter pour l'histoire littéraire de ce temps. (V. l'art. Politien.) Les correspondants de Politien, ceux du moins dont il a publié les réponses, sont au nombre de trente-six.