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BIBLIOGRAPHIE. 73
certain que, après s'être nourri de cette pure et salubre lit-
térature, lorsqu'on se hasarde à toucher pour dessert à quel-
ques unes de nos primeurs courantes, quand on descend de
Lucrèce, par exemple, à certaines études plastiques de
l'adultère en action, on ne comprend que trop cette excla-
mation virulente :
Le poète, jadis d'une sévère main
S'appliquait à sonder les plis du cœur humain :
Du cœur, entendez-vous t Oh honte ! oh turpitude !
C'est plus bas que se porte aujourd'hui son élude !
Lisez enfin, sur un sujet où vous ne pouvez manquer
d'être avec lui en communauté de sentiment et d'indigna-
tion , lisez le récit de son aventure chez une modiste. Il
accompagnait dans un magasin en renom, une de ses pa-
rentes, qui se montrait quelque peu difficile dans le choix
d'un chapeau. La jeune dame, ce me semble, avait assez
mal profité des leçons de son cousin sur le luxe, car vingt
articles déjà gisaient rebutés, lorsque soudain,
« Si madame essayait, » nous dit, de sa voix claire,
La modiste entr'ouvrant un carton ficelé,
« Cet article nouveau, couleur Paris brûlé ;
« C'est la teinte à la mode ! » A ces mots, je l'avoue,
La rougeur indignée est montée à ma joue :
Infamie et dégoût ! Voilà qu'un teinturier
Confisque à son profit le sinistre brasier,
Le reflet infernal de la guerre civile ;
C'est pour teindre un chapeau qu'a flambé la grand'ville !
Revenons à de plus calmes images. Juvénal sait, selon
l'inspiration, se faire J.-B. Rousseau ou Despréaux. Voici
la fin d'un kyrnne au soleil, qui a déjà heureusement
inspiré un compositeur bien fait et bien placé pour saisir
la pensée intime du poète :
Le mineur, exilé dans la fosse profonde,
Aborde en frémissant l'antre béant et noir ;
Il regrette, au départ, la lueur qui l'inonde,
Le bleu du firmament et la brise du soir.