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bronze serait élevée, sur la place Sathonay, à Jacquard, à ce simple ouvrier,
à cet ouvrier de génie qui a sauvé la moitié des hommes que tuait, chaque
année, l'industrie lyonnaise et qui a porté un plus grand coup aux intérêts
commerciaux de l'Angleterre que Napoléon lui-même avec le blocus conti-
nental. La souscription ouverte dans ce but n'aurait produit, le croirait-on?
qu'une somme de 14,000 fr. Le Conseil municipal, qui avait déjà volé 10,000
fr., a complété les 38,000fr. nécessaires pour les frais du monument projeté.
Eh bien ! vous vous imaginez sans-doute que, pour une telle Å“uvre, un con-
cours a été ouvert et que nos artistes, de Ruolz, Legendre Héral et Guillot y
ont été appelés. Pas du tout. Le favoritisme a présidé seul au choix qui a été-
fait. C'est à M. Foyatier que l'exécution de celle statue a été confiée, au prix de
25,000 fr., payables en deux ans. Il avait pour concurrent M.Antonio Moine.
Pourquoi M. Antonin Moine n'a-l-il pas fait le buste de quelques-uns de nos
conseillers? Nous ne contestons ni à l'un ni à l'autre de ces artistes le savoir
et le talent. Ils ont fait leurs preuves. Mais pourquoi pas de concours!
     — 51. Lepind, auquel on doit une statuette de Jacquard, vient de modeler
une statue de Napoléon que la commune de Villeurbanne a inaugurée le
 17 novembre. Ce travail offre beaucoup de prise à la critique. M. Decrusilly,
à l'aide d'une souscription, a placé sous le patronage de l'Empereur, la Cité
Napoléon dont il a projeté l'établissement. Aussi , lit-on , sur l'une des
faces du piédestal, celte énigmatique inscription :
                           LA CITÉ, FIÈRE DE SON NOM,
                              A ÉRIGÉ CE MONUMENT
                                         1839.
     La hauteur totale du monument est de 9 mètres. La statue qui peut avoir
9 à 10 pieds a été fondue dans les ateliers de MM. Leblond et Marchetty
 aux Brotteaux. Trois discours prononcés par MM. Decrusilly, Frotticr et
Verdellet, quelques détonnulions de boites, quelques fanfares militaires ont fait
tous les frais de celte solennité. Gagnez donc des batailles, comme celles d'Aus-
terlilz et de Marengo , faites-vous donc un cortège de rois , ayez donc porté
 deux couronnes, commandé à des empires , mené à la gloire et à la mort
 des milliers d'hommes pour en venir à celte mesquine ovation, à la porle
 d'une grande ville que l'on a rempli de son nom et qui , avant comme après
 l'exil, eut toujours des voix enthousiastes et des cœurs chauds pour vous rece-
 voir. 0 instabilité des choses humaines ! Quelle leçon pour les grands de la
 terre !
 —Deux jours après, le duc d'Orléans arrivait dans cette même cité où l'on avait
 si maladroitement compromis sa personne, en 1831, et son entrée, si elle n'a
 excité chez le peuple qu'une muette curiosité, a mis, dans certains lieux, en
  émoi loulcsles remuantes ambitions, tous les dévouements officiels. Le prince,
 qu'on dit plein de sens et d'esprit, a dû alors voir avec peine le déploiement
  de forces militaires dont il a clé l'objet, ainsi que le zèle obséquieux dont il a
  été la victime. Que n'a-til pu mettre de côté le programme dans lequel il a
 été renfermé trois jours durant! Que n'a-t-il pu, au lieu d'écouter des haran-
 gues flasques et adulatrices, aller s'enquérir lui-même des plaintes et des
  souffrances de notre population ouvrière. Paris, à cette heure, a retrouvé son
  fils de roi, heureux d'échapper au plus vite aux harangues et aux adulations!
  Laissons le oublier auprès de sa femme et de son enfant tous les inconvénients
  de la grandeur, toull'esclavage de sa position. Jetons-nous, entre nos journaux
  pour faire cesser le feu de leur artillerie, et que la cause de l'humanité et
  de la civilisation les ramène sur un plus digne terrain.
      Notre ville est en progrès. Elle n'aura bientôt plus rien à envier à Paris.