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la chaire et les puissantes paroles de nos hommes parle-
mentaires. D i r a - t - o n que saint Jean Chrysostôme soit
étranger aux triomphes de Bossuet; Démosthènes et Ci-
céron, à ceux de Mirabeau; et nous n'attaquons pas ici
leur originalité. Car combien comptera-t-on d'écrivains
qui ne doivent rien qu'à eux-mêmes et ne sont tri-
butaires de personne ! Mais les plus originaux d'entre
nos auteurs, ceux peut-être qui représentent le mieux le
vieil esprit français, Molière, La Fontaine ne doivent-
ils rien à l'antiquité ? ïl serait donc injuste de se mon-
trer ingrat envers l'antiquité qui nous a légué tant de
chefs-d'Å“uvre, tant de belles et bonnes choses que
nous avons incorporées à nos richesses indigènes, que
nous nous sommes assimilées en quelque sorte. Mais peut-
être cette végétation étrangère a-t-elle étouffé les plantes
indigènes de notre sol ? Amyot et Montaigne nous l'ap-
prendront.
   En deux mots, la question est ici : la littérature fran-
çaise avait-elle en elle-même un avenir et des ressour-
ces propres ? Oui, certainement; car toute chose est per-
fectible, et, grâce à Dieu, le génie français n'a jamais été
tellement deshérité qu'il ne put voler de ses propres
ailes. — Mais que les secours étrangers aient considéra-
blement contribué au perfectionnement de la littérature
française que l'élude de l'antiquité ait donné plus de ri-
chesse et pluo de noblesse à la langue, et que, sans nuire
au caractère national, elle l'ait douée de qualités nou-
velles, c'est ce que nous admettons, ce que nous croyons
 fermement.
                                        L. PUISEDX.




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