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en France, à faire placer dans la nef une chaire de bois dont
la structure grossière blessait depuis longtemps les regards
des fidèles. Il fallut p e n s e r a la remplacer par un meuble plus
convenable, plus digne d'un grand monument et du premier
siège des Gaules, et nous nous proposons aujourd'hui de
juger l'œuvre de la nouvelle érection. — Peut-être eût-il été
plus sage, pour parler de cette chaire, d'attendre qu'elle fût
complète, et qu'elle ait reçu son abat-voix ; mais il me semble
que sa portion capitale existe et que nous pouvons dès à
présent juger ce que nous voyons, sauf à revenir à cet édicule,
quand il sera achevé.
   En vérité, je ne sais irop pourquoi l'Église primatiale a t e -
nu si fort à avoir une chaire monumentale et ne s'est plus
coutentée de l'ancienne chaire mobile qui ne paraissait dans
le temple que lorsqu'il en était besoin, comme cela se pra-
tique encore aujourd'hui dans la plupart des églises d'Italie.
Les chaires adossées à des piliers sont bien le contre-sens
monumentaire le plus incontestable qui existe ; elles sont
aussi l'œuvre la plus difficile pour un architecte.—Où p r e n -
dra-t-il ses modèles? — L'introduction des chaires dans les
églises est un fait tout moderne, elle remonte à Louis XIII.
Or donc, où trouver le type XVe siècle ou le type renaissance
appliqués à un meuble de ce genre ? Dans la période bysan-
line, l'on prêchait dans l'un des deux ainbons placés aux deux
flancs du presbytère ; sous l'ère ogivale, dans le jubé. Les plus
beaux modèles de chaires que je connaisse, sont en Belgique,
mais elles datent toutes des XVII e et XVIII e siècles, et je défie
un architecte de me citer une chaire du XVe siècle ou de la
renaissance. Alors quelle nécessité de vouloir mettre ces p e -
tits m o n u m e n t s , d'invention moderne, en harmonie avec
un vaisseau d'un âge antérieur au XVI8 siècle ? Il faut bien
savoir qu'une chaire est uu meuble, que partant il n'est jamais
indispensable que ce meuble offre dans sa structure une ana-
logie parfaite avec le type monumentaire. Ainsi, des créden-
ces, des stalles, des confessionaux; car il serait absurda