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 malhabile, à ses ouvrages. Il est la cause de Tordre du monde
 et il le gouverne par des lois immuables. Mais si rien ne va au
hasard dans le monde physique, tout n'y est pas abandonné
dans le monde moral, et l'humanité n'erre pas au hasard, sans
but et sans lois. L'opinion contraire, Messieurs, avait été
celle des hommes les plus sages de toute l'antiquité et d'une
grande partie des temps modernes. Dans ces révolutions si va-
riées et si mobiles qui tourmentent l'humanité ils n'avaient vu
qu'un jeu plus ou moins cruel ou plus ou moins bizarre de la
fortune, jusqu'à ce que la philosophie eût soupçonné, sous
cette apparente mobilité des événements, l'existence de lois
constantes et générales, et montré que le résultat invariable
de toutes les grandes et terribles agitations avait toujours été
une amélioration physique et morale de la race humaine.
Alors apparut dans le monde le dogme consolant de la perfecti-
bilité. Alors seulement la notion de la providence divine, jus-
que là restreinte au gouvernement du monde physique et à
une certaine sollicitude pour l'individu, a reçu un dernier et
magnifique complément.
   Si après avoir tracé cette esquisse rapide et incomplète des
progrès de la philosophie dans l'étude de la cause du monde,
nous examinons à quels résultats elle est arrivée dans l'étude
de l'esprit humain, nous jugerons que, là aussi, elle a accompli
des progrès successifs dont l'importance ne saurait être con-
testée. En effet, l'esprit humain a été analysé, les différents
pouvoirs par lesquels il se manifeste ont été distingués les uns
des autres, et sur chacun d'eux il a été laissé un certain nom-
bre de notions précises qui, pour avoir été popularisées au point
de devenir, pour ainsi dire, des axiomes du sens commun,
n'en ont pas moins été d'abord d'importantes découvertes phi-
losophiques. L'histoire de la philosophie nous présente des
analyses de l'intelligence de plus en plus approfondies à me-
sure que chacune de ses faces a été l'objet d'une étude spéciale