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  langer avec un esprit léger et piquant, mais aussi avec
   une tournure dramatique et drapée, qui rappelle trop les
  héros de l'auteur d'Henri III, et pas assez le ton simple
  et sans recherche que nous avons aimé dans Reboul. M. Du-
  mas est d'une ingénieuse fidélité lorsqu'il décrit le travail de
 la boutique, le costume du maître « costume très simple, mais
  très propre, et tenant un milieu sévère entre le peuple et la bour-
  geoisie; il est fidèle historien quand il rappelle le petit esca-
 lier tournant, situé dans un angle de rue, puis le grenier
 sur le plancher duquel est amoncelé, en tas séparés, du from-
 inent de qualités différentes, puis, la petite vallée que ces mon-
 tagnes nourricières forment entre elles, et, au bout de dix pas
 la porte d'une chambre qui offre une simplicité presque monas-
 tique : des rideaux blancs au lit et à la croisée, quelques chai-
 ses de paille, un bureau de noyer, un crucifix d'ivoire, un
 modeste canapé formant tout l'ameublement, simples mundi-
 tiis, à un premier étage, dans une rue isolée où les maisons
 n'ont que peu de hauteur. Mais il y a dans le dialogue avec
Reboul, plus d'uue réponse qui nous semble trop calculée pour
le modeste sans-façon du poète. Vous diriez un écrivain
 de Paris, se donnant des airs d'un personnage de quelque
importance, et posant bellement sur le piédestal.
    Ce joli petit discours : « Vous venez voir le poète et
 non le boulanger, n'est-ce pas? Or, je suis boulanger depuis
 cinq heures du matin jusqu'à quatre heures du soir. De
 quatre heures du soir à minuit, je suis poète. Voulez-vous
des petits pains ? restez ; voulez-vous des vers ? revenez à
cinq heures » ; ce joli petit discours, selon nous, est assez
gentiment arrangé pour n'être pas dans la vraie nature de
celui qui l'aurait tenu; la poésie n'est point chez lui une
affaire de compositeur ni d'artiste ; c'est une amie au logis, et
une amie chastement gardée, à laquelle on ne confie les secrè-
tes pensées de l'ame et l'exubérante affection du cœur qu'aux
seuls jours où elle est souriante, et où l'esprit malade sent
le besoin de sa douce causerie.