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  Et soudain, comme on voit tomber les grains d'ébène
D'un rosaire béni, quand un enfant l'égrène,
Ou les bluets d'azur d'un char de moissonneur ;

  De ses cheveux dont l'or en ondulant s'épanche,
Vous verrez ruisseler sur son épaule blanche
Des gouttes de parfum, des perles et des fleurs.


                            II

  Oh! semez-les, ces fleurs, sur vos pas, sur leur trace,
Sur toutes les douleurs qui bordent le chemin,
Sur l'herbe où, pour dormir, on choisit une place,
Sur les jeunes amours qui vous prendront la main ;

  Sur vos rêves aimés, envolés dans l'espace,
Comme de blancs ramiers vers un pays lointain.
Et, si vous ne semez que pour le vent qui passe,
Semez, en oubliant que vous semez en vain.

  L'espérance repose au fond de tout problème,
Dans toute chose sombre et dans la tombe même,
Sous la forme d'un ange endormi pour le ciel.

  Divin leurre ! ô vertu par Dieu recommandée !
Mère des grands désirs dont l'ame est possédée,
Toi seule nous fais tendre au delà du réel !