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tu viendras rendre compte au souverain juge de les aclions.
J'étais catholique ; c'est toi qui m'as engagé à abandonner
la religion de mes pères. Au nom du Dieu vivant, dis-moi
avec franchise dans quelle foi je dois mourir. » En face d'une
telle mort, le doux et faible disciple de Luther n'hésite plus.
Il s'écrie : « Àh ! ma m è r e , la nouvelle doctrine est la plus
commode, mais la doctrine catholique est la plus sûre. »
    Tout est dans ces deux mots : la doctrine nouvelle esl plus
 commode. Elle est plus commode, en effet, celle doctrine
 qui remplace l'abstinence par la bonne chaire, la chasteté par
 le mariage, cette doctrine qui ouvre les couvents d'hommes
 et de femmes, qui marie les nonnes échappées avec ses p r é -
 dicateurs, donne liberté à de telles débauches que Luther lui-
 même effrayé s'écrie : « En vérité, en vérité ! nous nous as-
 seyons dans la turpitude. » (19 décembre 1523). Elle est plus
 commode et plus docile surtout que la doctrine catholique,
 car elle permet à ses docteurs Lulher, Mélanchton, Bucer,
 Corvin, Adam, Leningen, Yinfert, Melanlher de signer une
consultation, aussi étrange dans ses molifs que dans ses con-
séquences par laquelle le landgrave de Hesse, « d'une com-
plexion amoureuse, accoutumé à la vie désordonnée des camps
et ne pouvant vivre sans femmes, n'ayant jamais gardé plus
de trois semaines la fidélité conjugale, fort, du r e s t e , de
l'exemple d'Abraham, Jacob, David* Salomon, qui ont eu plu-
sieurs femmes, tout en croyant au Christ, » est autorisé à
prendre une seconde femme et peut désormais, en toute
sûreté de conscience, vivre dans les liens sanctifiés de la
bigamie.
   Ainsi se trouvait expliqué par l'exemple ce principe que
Lulher a proclamé le premier : Le mariage n'est qu'un con-
trat politique qu'on peut contracter avec tout individu infidèle,
gentil, turc ou juif ; c'est devant le magistrat civil qu'on de-
vrait porter toute cause matrimoniale (De Malrimonio).
   Arraché aux instincts d'une grande et belle nature p a r l e s
exigences du mariage, Lulher se sentit même éloigné de l'é-