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361 « Ce qu'il y a de plus certain, c'est qu'ils empochent la pièce qui tinte et en font leur profit. « C'est un enseignement impie celui qui ose dire que ceux qui ont acheté une cédule de confession, ou délivré des âmes du purgatoire n'aient pas besoin de se repentir. « Les indulgences que les prédicateurs trompettent sont un beau trésor de grâce ! Oui, sans doute, pour celui dont elles emplissent les poches. » Les évêques auxquels écrivit Luther avaient dédaigné de lui répondre, Luther en appela au peuple ; il le prit pour témoin et pour juge ; il réveilla de sa tombe la raison hu- maine ; il la flatta dans ses passions, et l'attira à lui par son langage fort et puissant. Il s'empara d'elle, et, plus tard, il la conduisit à l'erreur. L'Allemagne, presque toute entière, embrassa la cause du docteur saxon. Le mal était pourtant facile à réparer ; Léon X le pouvait mieux que tout au Ire; il fallait désavouer la mala- dresse du moine vendeur d'indulgences, ne pas donner d'ali- ments à la discussion impétueuse et populaire, atténuer par une intervention bienveillante cette irritation de la lutte, et, voyant qu'une réforme était indispensable, il devait surtout l'opérer lui même; et, comme il attachait son nom à la réno- vation littéraire, il eût aussi mis son règne sous la protection de la gloire d'une rénovation religieuse. On ne suivit point une telle conduite. Léon X se croyait inattaquable : « Mainte- nant, disait-il, vivons en paix. La hache ne frappe plus l'arbre au pied, elle ne fait plus qu'en émonder les branches. » Du haut de son trône il envoya Caiétano recevoir une rétractation de la bouche de Luther; c'était là son seul mandat. Une telle négociation devait échouer, et elle échoua à Aucs- bourg(1518). Après Caiétano qui commande et qui somme Luther, au nom de la papauté, de rentrer dans le silence, vient Mitlitz, doux et rampant diplomate, mangeant bien, buvant bien, ne sachant pas discuter, et retournant à Rome comme une pau-