Revue du Lyonnais » série 1 - n°10 ( 1839 ) » pp.360

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si j'ose, moi, pauvre argile, jeller les yeux sur voire sublimité
et lui adresser celle lettre. Jésus, mon Seigneur, m'est témoin
que, longtemps enchaîné par le témoignage de ma faiblesse et
de ma honte^ j ' a i remis chaque jour d'accomplir l'Å“uyre que
j'entreprends aujourd'hui, hardiment, le front levé, soutenu
par la fidélité que je dois à mon père en Jésus-Christ. Daigne
votre grandeur abaisser son regard sur ce grain de sable, et,
dans sa paternelle clémence, accueillir mes vœux.
   « On colporte des indulgences papales sous le nom et le
titre auguste de votre seigneurie, pour la construction de
Saint-Pierrede-Rome. Je ne dis rien de tous ces prédicateurs
vantards que je n'ai pas entendu; mais j'ai à me plaindre
amèrement de l'erreur où ils jellent de pauvres intelligences
qui se figurent, insensées qu'elles sont, acheter certainement
leur salut en achetant des lettres plétiières ; que les âmes
s'envolent du purgatoire dès qu'on leur jette de l'argent dans
le bassin ; et qu'à ces indulgences est attachée une telle vertu
qu'il n'y a si grand péché, à entendre ces pauvres ignorants,
le viol d e l à mère de Dieu, si cela était possible, qu'elles ne
pussent effacer.
   « 0 mon Dieu ! c'est ainsi qu'on instruit, en les livrant à la
mort, ces âmes qui vous appartiennent! Comme il s'accroît
le compte que vous rendrez un jour de leur salut! Je n'ai
pu me taire plus longtemps ; non, il n'y a ]^as de pouvoir
épiscopal qui puisse assurer l'homme de son salut ! »
   Telle était l'enveloppe habile de la doctrine développée
plus tard dans le manifeste qu'il publia contre Telzel et qu'il
afficha, le 31 octobre 1517, à midi, sur les piliers de l'église
de Tous-les-Saints. Pour saisir l'attention populaire il se ser-
vit d'un style souvent trivial mais toujours énergique ; la
forme du pamphlet s'y retrouve ; c'est la théologie mise au
service de tous et se traduisant par des images vulgaires ;
   « Ils nous pipent, s'écrie-l-il, en prêchant qu'aussitôt que
la pièce bruit dans le b a s s i n l'ame quitte sa demeure du pur-
gatoire.