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 . Emile Souvestre a trop de générosité au cœur pour n'avoir
point compris la mission que lui confiait son époque ; e t ,
sans s'inquiéter des passions mauvaises excitées contre lui, il
s'est rangé dans la courageuse phalange qui renverse les pré-
jugés et s'acharne contre les forts. L'Homme et l'Argent est la
solution de celte question vitale : Telle qu'elle est organisée
actuellement, l'industrie sert-elle au bien-être du plus grand
nombre, ou plutôt n'est-elle pas l'humble esclave de q u e l -
ques hommes? Le levier de leur égoïsme ne succède-t-il point
à la violence, et, de m ê m e qu'autrefois l'humanité était t r a -
vaillée par le fer, la société n'est-elle point de nos jours ex-
ploitée par l'argent ? Souvestre a promené ses regards autour
de lui sur notre ordre social. De toutes parts il a vu les hom-
mes d'argent s'armer de menace et de ruse pour saper tout ce
qui nuisait à leur élévation, il les a vus s'élever sur des ruines
et, profitant cle leur toute puissance, accorder aux malheu-
reux l'aumône de la vie à celte condition que ces derniers les
engraisserontde leurs sueurs ; il a compté le nombre de ceux
qui rapportent et de ceux qui profitent; puis, voyant l'ef-
frayante disproportion établie entre e u x , il a conclu que
les lois de la nature avaient été violées. Il a v u , d'un
c ô t é , toutes les fatigues et toutes les douleurs; de l'au-
tre côté, tous les bénéfices, toutes les joies; il a recon-
nu que ces parts étaient immorales, et son cri fut un cri
d'indignation et de justice. Mais qu'était-ce que la consta-
tation d'une tyrannie sociale si l'écrivain n'indiquait en même
temps le moyen de la renverser, et celui de faire entrer l'in-
dustrie dans les voies providentielles ? Il y a peu d'années,
les Saints-Simoniens prêchèrent l'association comme un princi-
pe de salut universel; mais, par malheur,et malgré d'excellentes
intentions, ils en posèrent mal les bases et laissèrent leur doc-
trine à l'état de théorie. Plus tard, un autre groupe d'écono-
mistes, se rangeant à l'idée première, entreprit de faire ac-
cepter l'association pratique ; mais l'absence des ressources
 premières entrava la marche des Phalanslériens et le besoin