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99 . Emile Souvestre a trop de générosité au cœur pour n'avoir point compris la mission que lui confiait son époque ; e t , sans s'inquiéter des passions mauvaises excitées contre lui, il s'est rangé dans la courageuse phalange qui renverse les pré- jugés et s'acharne contre les forts. L'Homme et l'Argent est la solution de celte question vitale : Telle qu'elle est organisée actuellement, l'industrie sert-elle au bien-être du plus grand nombre, ou plutôt n'est-elle pas l'humble esclave de q u e l - ques hommes? Le levier de leur égoïsme ne succède-t-il point à la violence, et, de m ê m e qu'autrefois l'humanité était t r a - vaillée par le fer, la société n'est-elle point de nos jours ex- ploitée par l'argent ? Souvestre a promené ses regards autour de lui sur notre ordre social. De toutes parts il a vu les hom- mes d'argent s'armer de menace et de ruse pour saper tout ce qui nuisait à leur élévation, il les a vus s'élever sur des ruines et, profitant cle leur toute puissance, accorder aux malheu- reux l'aumône de la vie à celte condition que ces derniers les engraisserontde leurs sueurs ; il a compté le nombre de ceux qui rapportent et de ceux qui profitent; puis, voyant l'ef- frayante disproportion établie entre e u x , il a conclu que les lois de la nature avaient été violées. Il a v u , d'un c ô t é , toutes les fatigues et toutes les douleurs; de l'au- tre côté, tous les bénéfices, toutes les joies; il a recon- nu que ces parts étaient immorales, et son cri fut un cri d'indignation et de justice. Mais qu'était-ce que la consta- tation d'une tyrannie sociale si l'écrivain n'indiquait en même temps le moyen de la renverser, et celui de faire entrer l'in- dustrie dans les voies providentielles ? Il y a peu d'années, les Saints-Simoniens prêchèrent l'association comme un princi- pe de salut universel; mais, par malheur,et malgré d'excellentes intentions, ils en posèrent mal les bases et laissèrent leur doc- trine à l'état de théorie. Plus tard, un autre groupe d'écono- mistes, se rangeant à l'idée première, entreprit de faire ac- cepter l'association pratique ; mais l'absence des ressources premières entrava la marche des Phalanslériens et le besoin