Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
               LA BIBLIOTHÈQUE DE LA PRIMATIALE DE LYON                           293

semble avoir été le seul de nos primats qui ait eu une bibliothèque
 considérable, bibliothèque qui eut même une grande célébrité. Plu-
sieurs écrivains en ont parlé. Le P. Jacob, qui publiait, en 1655,
son Traité des plus belles bibliothèques publiques et particulières, a dit :
 « M. Camille de Neufville ne possède pas seulement les belles qua-
lités d'esprit de ces grands hommes (les Villeroy) des quels il est
yssu, mais aussi le voyons-nous porté d'un grand zèle aux bonnes
lettres et pour l'augmentation de sa magnifique bibliothèque qui. a
près de quatre mille volumes en toutes les sciences et en diverses
langues, particulièrement des livres espagnols, lesquels sont tous
richement reliés de maroquin incarnat du Levant, avec les armes de
ce seigneur, qui sont un chevron à trois ancres. » (1)


 La Forêt Thonnier, et de Jacqueline de Harlay, fille de Nicolas, baron de Savey,
 colonel général des Suisses, et de Marie Moreau, dame de Grobois. Le pape
Paul V fut son parrain. Son père était alors ambassadeur de France auprès du
Saint-Siège. Le jeune Camille fit ses études au collège de la Trinité à Lyon, dont
son père, après son ambassade à Rome, avait été nommé gouverneur. A l'âge de
cinq ans, le roi le pourvut de l'abbaye d'Ainay, puis de celle de l'Ile-Barbe. En
 1645, le roi l'appela aux difficiles fonctions de lieutenant général de la province
du Lyonnais (prorex), et, le 26 mai 1655, il l'éleva au siège archiépiscopal de Lyon.
L'année suivante, il entra dans les conseils du roi, et, en 1661, il reçut la croix
de commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit. Il mourut le 3 juin 1693, dans
l'hôtel du gouverneur de Lyon, à la suite des émotions qu'il avait subies dans la
répression d'une émeute occasionnée par la cherté des grains.' Parmi les inscrip-
tions qu'on lui consacra après sa mort, en voici une qui fait allusion à ces troubles ;

                             « Perenni memoriae
                             proregis optimi,
                             difEcillimis temporibus
                         de universo ordine Mercatorum
                             bene meriti. »

   Camille de Neufville fut un des meilleurs gouverneurs militaires de Lyon. Il
disait, en parlant de lui, « qu'il commandait en archevêque et voulait être obéi
en lieutenant du Roy. »
  (1) Voici ce que M. Léopold Delisle, directeur de la Bibliothèque Natio-
nale, a bien voulu me mander, le 8 juin 1883, au sujet de ces reliures : « Il
Serait curieux de savoir où et par qui Camille de Neufville faisait relier ses livres,.