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               LETTRES DE L ' É C O L E NORMALE           265

vaut mieux encore, il m'a fait connaître en grands détails
mes places et l'opinion du bureau sur moi. Mes épreuves
orales étaient des meilleures, et la leçon surtout, M. Viguier
me disait qu'elle était charmante. Mais il paraît bien que les
épreuves orales sont les moins importantes, et que le prin-
cipal ce sont les compositions. Là encore j'avais de bonnes
places; dans l'une j'étais 5% mais ma composition de prose
latine a tout gâté. J'aurais cependant été reçu le 8 e , si je
n'avais pas été en parallèle d'un ancien élève de l'École
normale, qui a 35 ans, une femme, trois enfants, et qui
concourt depuis plusieurs années. M. Viguier m'a fait
entendre que la différence de nos positions avait bien été
pour quelque chose dans le jugement du bureau. J'étais le
plus jeune du concours, et parmi les admis. Excepté Despois
qui n'a que 24 ans (je n'en ai que 22), tous sont âgés de
26 à 40 ans. En outre, excepté Despois, et un M. Boissier, de
40 ans, qui est pasteur protestant, tous se sont présentés
déjà au moins une fois, et quelques-uns cinq ou six fois.
Vous voyez donc que mon malheur est très ordinaire.
M. Viguier m'a tout à fait relevé le courage, en me montrant
pour l'année prochaine l'espérance d'une bonne admission.
Sans doute je puis être malheureux encore; il y a des chances
qu'on ne peut prévoir, mais d'après toutes les probabilités,
puisque je suis aujourd'hui le 9 e , je pourrai avoir une
meilleure place; M. Viguier médisait que j'étais l'accessit
unique de ce concours.
   M. Dubois a dit à M. Perret le proviseur qu'il m'aimait
beaucoup, et que, heureux ou malheureux, je pouvais m'at-
tendre à être très bien placé. Enfin, tous mes camarades
sont très surpris et très affligés de mon échec, et M. Berger,
un de mes juges, m'a dit que M. Dubois était on ne peut
mieux disposé en ma faveur.