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DE LA ROYAUTÉ ET DES COMMUNES 25 I ne s'est développée plus complètement, n'a acquis une prépondérance plus décisive qu'en France. Il n'y a eu de Tiers-Etat qu'en France. Il n'est pas juste de soutenir que les communes n'ont pris naissance qu'au xie siècle par la politique et l'interven- tion du roi. Elles reçurent à cette époque une forte impulsion. De Louis VI à Charles le Bel ( i 108-1328), on compte deux cent trente-six actes relatifs aux communes et éma- nées de la royauté seule; mais un grand nombre préexistait déjà . Ce qu'il y a de curieux, c'est que ces deux cent trente-six actes peuvent se partager en trois catégories : Les uns concernent des villes de libertés et de coutumes municipales considérées comme des faits anciens, incon- testés. Les autres accordent certains privilèges, ou exemptions à tel bourg ou cité, mais sans les constituer en commune proprement dite, sans leur conférer une juridiction indépen- dante. On affranchit les habitants de tel impôt ; on leur fait telle promesse : c'est tout. Enfin, certains actes constituent des communes propre- ment dites, donnant pouvoir [de se confédérer, régir. C'est une souveraineté analogue à celle des possesseurs de fiefs. Entre le Tiers-Etat et les communes on trouve des diffé- rences importantes. Le Tiers-Etat est plus étendu que la commune. Il com- prend beaucoup de situations sociales, d'individus qui ne sont pas compris dans le mot commune. Les officiers du roi, les légistes ont été longtemps incorporés au Tiers-Etat et ne s'en sont séparés que dans des siècles très voisins du nôtre.