Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
8o                      HENRI HIGNARD

qui dût te juger, par exemple une lettre de remerciements
à une personne qui se serait intéressée à toi, elle ne prît de
toi une idée défavorable et très injuste, rien qu'à voirie
désordre de ton style et de ton écriture. Je ne veux pas te
dire de faire des fions ni des paraphes ; mais attache-toi
avant d'écrire à bien voir ce que tu veux dire, à t'en faire
une idée bien nette ; puis à le dire d'une manière claire
avant tout, et si tu peux intéressante, et tu pourras être sûr
que la forme même de tes lettres s'en ressentira. N'as-tu
jamais vu d'autographe de Bossuet ? Il écrivait très mal et
cependant on voit que celui qui a ainsi barbouillé ce papier,
avait un esprit droit, rangé, régulier, et que s'il n'a pas
mieux modelé ses caractères, c'est qu'il pensait et écrivait
très vite, sans se soucier le moins du monde de l'art misé-
rable des maîtres d'écriture.
   Adieu, mon ami, aime un peu ton frère très tendre, qui
ne te parle aussi sérieusement que par un ardent désir de te
voir te perfectionner sans cesse. Mais avant tout autre per-
fectionnement, soyons de bons et sincères chrétiens, aimons
Dieu, servons-le, c'est là qu'est toute la joie de la vie, et le
seul but digne d'un homme raisonnable.

                                           Ton ami,
                                        Henri   HIGNARD.


  Embrasse-bien pour moi nos bons parents, et présente
mes respects à M. Déroziers.

        (A suivre).