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                       ANTOINE DU VERDIER                          12 5

trois mois, la peste s'était mise dans sa maison, et que sept
de ses enfants et quelques-uns de ses domestiques étaient
morts de la contagion.
   Comme on pouvait le prévoir, duVerdier refusa de payer
l'amende à laquelle on l'avait condamné. Il fut emprisonné,
ses gages de contrôleur furent saisis ; mais comme il avait
appelé de la sentence, le procès alla devant le Parlement de
Paris. Il fut terminé, le I er août 1588, par un arrêt qui
faisait à du Verdier maintenue de ses gages et modérait
l'amende à cent écus(r). Le procureur général de la Guesle
avait fait remarquer à la Cour qu'une punition légère suffi-
sait contre un homme accablé par la mort « luctueuse et
misérable » de presque tous ses enfants, et que les juges de
Lyon l'avaient traité avec trop peu de ménagement.
   Mais sur la cause principale vint se greffer un incident
singulier. Le juge nommé le premier dans la sentence du
tribunal de la Santé était Bernardin Castor, docteur en
théologie et recteur du collège des Jésuites de Lyon. Le
procureur général, hostile à la Société comme la plupart
des parlementaires, appela sur ce fait l'attention de la Cour,
trouva irrégulière et scandaleuse cette intrusion de Bernar-
din Castor dans une affaire contentieuse ; saisissant l'occa-
sion, il requit le Parlement de faire défense aux Jésuites
de se mêler de justice et de police, « ains seullement de ce
à quoy ilz ont esté appeliez, qui est d'enseigner, prescher
la parolle de Dieu, le prier et consoller les mallades ». La
Cour s'empressa défaire droit aux conclusions du procu-
reur général, et, par le même arrêt, interdit aux maîtres et


   (1) Archives municipales de Lyon, GG. Invent. Chappe, t. V, p. 10,
n" 9. Il y a de cet arrêt une expédition authentique sur parchemin,
signée Dulillet, et une copie simple sur papier.             -

  K" 2. — Août 1S97.                                           Q