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372                    LA BOUCLE D'OR




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     Jean Michel, ayant obtenu la place qu'il désirait, rejoi-
 gnit son nouveau poste, aux environs du Pont-de-Beau-
 voisin, dans le pays même qu'habitait la nourrice de la
 Garite.
     Mme Bonin avait exigé que les jeunes ne se revissent pas
 avant le départ. Jean partit donc, non sans protester amè-
 rement, mais un peu consolé par la promesse qu'à son
 prochain voyage à Lyon, dans trois mois, la maison lui
 sera ouverte. Ce laps de temps avait semblé indispensable
 à Mme Bonin pour s'assurer des sentiments de sa fille adop-
 tive et aussi pour la préparer à des révélations indispen-
sables, quant à sa naissance et à son origine.
    Il vint, ce jour attendu de part et d'autre, et ce fut
comme un enchantement. Dans l'accueil de la Garite, il
perce bien, de prime abord, un peu de contrainte. Si jeune
soit-elle, la pauvre enfant sent toute rinfériorité où la place
sa tache originelle, en face de ce simple ouvrier, dont la
mère est morte, dont le père est disparu, mais qui a le
droit de porter haut le front et qui peut avouer un nom.
Gêne passagère, toutefois : car il est presque permis de dire
que, chez une femme, l'affection étant toujours doublée
d'un peu de reconnaissance, elle s'abandonne à l'amour
qu'on lui témoigne d'autant plus volontiers qu'elle s'y
reconnaît moins de droit.
    Jean avait dû consacrer sa première journée à ses pa-
trons; mais le lendemain, il le passa tout entier auprès de la-
jeune fille, adonnée à son travail de dévidage. Jamais, dit-