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300                 UN LIVRE DE RAISON

Thomé, qui nous l'apprend, dans quelques lignes bien
lisibles. Restée veuve avec deux filles et enceinte de six
mois, elle convola, ainsi que nous explique une note margi-
n a l e ^ 28 décembre 1602, avec noble Laurent Mistral. Cette
note est de la main de l'enfant posthume, qui fut un garçon,
né, le dernier de février 1602, et qui fut nommé Louis. Il nous
raconte lui-même sa vie privée et publique (folios 30 et 3 1).
   Après avoir rappelé que son père, « docteur en droicts,
agrégé en l'Université de Valence, advocat consistorial au
parlement de Grenoble et juge d'Estoille, était décédé à
Grenoble, le 4 décembre 1601, ayant terminé par arrest le
procès que damoiselle Marie Thomé, sa femme, avait contre
M. Me Jacques Thomé, son oncle, procureur du Roy au
bailliage de Saint-Marcellin, il ajoute : « Madicte mère,
avant qu'elle se retira d'Estoille, feyt assembler mes pa-
rents, pour eslire à mes sœurs et à moy un tuteur, qui fust
Me Sebastien Chappuis, procureur au siège de Crest.
Madicte mère retira mes deux sœurs à Romans, proche
d'elle, et je fus porté à Crest, dans le berceau, au logis de
sieur Jean Chappuis, qui a esté despuis mon tuteur où
j'ay demeuré jusqu'à l'aage de 13 ans.
   « Ayant atteint l'aage de 13 ans, l'on me 'mist aux
estudes à Tournon, avec noble Joachim Mistral, mon frère
(utérin), où j'ay demeuré 7 ans et y ay pris le degré de
bachelier, le 25 de join, en Tan 1621, et celuy de Maistre
es arts, le 3 may, en l'an 1622.
   « Le 22 d'aoust (de la même année), je suis parti de ce
pays, avec mondict sieur Joachim Mistral, pour m'en aller
à Paris apprendre les Institutes (il avait été déjà lui-même
une application vivante du titre du Digeste Ubi pupillus
educarivel morari debeat (lib. XXVII, 2). Aussi sa fréquen-