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SUR LA MUSIQUE I33 à l'amour, non de Roméo, mr.is de Marguerite. Beethoven n'est pas sans analogie avec Gœthe; comme lui, il est entraîné dans les tourbillons d'un naturalisme transcen- dant; et la symphonie en fa, l'avant-dernière, est en ce sens la plus obscure, en raison même de la clarté de ses mélodies et de la simplicité de ses formes, à moins de la considérer naïvement comme un repos et une préparation à un effort suprême. Badinage ingénieux, le lion essaie ses griffes en jouant avec une souris... bientôt il se redressera, fera éclater sa puissance dans la symphonie avec chœurs, ouvrage dépassant les proportions ordinaires, problème aussi, car après la majesté et le pathétique des deux pre- mières parties, on ne s'explique pas le mouvement vertigi- neux du scherzo et l'arrivée des formules vulgaires dans le final. C'est encore un livre non traduit, peut-être incom- plet, car l'homme ne peut arriver à la plénitude de l'être et de la science. Il ne peut s'égaler à Dieu, quis ut Deus? C'est Prométhée, c'est Faust, c'est depuis l'origine du monde l'histoire de l'orgueil humain et de ses efforts pour pénétrer les mystères de l'infini. III Jusqu'au septième quatuor, Beethoven semble incertain sur la voie qu'il doit suivre; il hésite à déchirer les voiles de l'infini, il s'attarde dans les formules comme effrayé d'une révélation au-dessus de ses forces. Tu sondas, Beethoven, la mystique harmonie De la terre et du ciel, de l'abîme béant; Et quand tu retombais devant notre néant, Apportant dans ton sein l'immense symphonie, «