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ET SA FAMILLE 27 prétention ne put se soutenir et elle fut aussitôt abandon- née, même par leurs plus audacieux flatteurs. Pendant quatre générations, les Neufville avaient été armateurs. Ils avaient des navires et des comptoirs et peut- être armaient-ils pour la pêche dans les mers du Nord. Ce n'est pas à notre siècle démocratique et positiviste à leur en faire un crime ; mais ce fut une tache pour les chevaliers de cape et d'épée, aux yeux de qui le commerce était une flétrissure et Saint-Simon nous apprend qu'on fut souvent cruel pour eux dans les salons de Versailles et de Marly, où on prétendait qu'ils apportaient une odeur de poissons de mer jusques dans les conseils du roi. Plus heureuse fut la brillante marquise de Sassenage qui, un jour, à Lyon, pendant une fête, se donna fièrement pour une marchande de fromages des montagnes du Dau- phiné (3), sans qu'il se trouvât autour d'elle un insolent qui osât la prendre au mot et la traiter comme telle. Cette origine obligea les Neufville devenus Villeroy à un faste et à un orgueil qui se retrouvent parfois chez des parvenus, mais ne se rencontrent guère que chez eux. On peut être simple et modeste quand on s'appelle d'Albon ou Créquy; on ne le peut guère quand on s'appelle Villeroy. Riche, opulent, considéré, un Neufville devint greffier à la Cour des comptes; un autre, échevin de Paris. NICOLAS I er de Neufville, ou du moins le premier Nicolas connu, devint seigneur de l'Équipée, en Beauvoi- sis, secrétaire du roi, en 1507, secrétaire des Finances, en 1514, et, par son mariage avec une riche héritière, Gene- (3) 1784-