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EXCURSION DANS LE MIDI. 465 Des trois serviteurs qui ont assisté M. de Charlrouse dans cet acte de piété, l'un, Louis Arnaud, l'a précédé dans la tombe ; mais les deux autres Monclergeon et Berlandier sont encore de ce monde; le premier habite la ville d'Arles; le second demeure à Bellegarde sur la roule de Nîmes. Ces b r a - ves gens pourraient au besoin confirmer la parfaite exacti- tude de tous les détails du procès-verbal que nous venons de transcrire. Il nous reste à suivre encore ce funèbre emballage, cette ignoble caisse de savon, contenant les dépouilles de ce qui fut grand parmi les grands de la terre 3 illustre dans le monde; il nous reste à dire comment, après un veuvage de quatorze ans, une même cérémonie funèbre réunit dans un tombeau les cendres à peine refroidies de l'épouse aux tristes et chères reliques de l'époux qui semblaient avoir ainsi at- tendu cette nouvelle union de la mort. Celui qui écrit ces lignes habitait, en 1828, la ville de Troyes et il yjrédigeait le journal politique du département. Le voisinage du château de M m e la maréchale Brune situé à Sainl- Just, petite commune sur les limites des départements de l'Aube et de Seine-et-Marne, l'avait mis en rapport avec quel- ques membres de la famille et lui avait procuré l'honneur d'être admis chez M>»e la maréchale. A cette époque la noble veuve s'occupait beaucoup de la translation des restes du maréchal dans un monument que sa piété conjugale avait fait élever à sa mémoire sur le cimetière de la commune de Sainl-Just; le jour de la translation avait été fixé par la maréchale au samedi 2 août 1828. Mais l'ab- sence de quelques proches parents du défunt attendus à Saint- Just fit ajourner cette cérémonie religieuse. Mmo la maréchale Brune tomba malade et au bout de plusieurs mois de souf- frances, le 1 er janvier 1829^ la mort vint impitoyablement l'arrêter dans ses pieuses dispositions. Alors une même cérémonie funèbre eut lieu à saint-Just, en mémoire des deux défunts : deux cercueils renfermant 30