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                     DIGNE ET LES ALPES.                     261

des femmes italiennes vinrent à la cour de France et amenè-
rent autour d'elles certaines modes, ce fut un engouement
que les lerminaisons en i pour les noms propres, el plusieurs
noms connus reçurent alors une finale qu'ils ont gardée. Il en
fut de môme à l'égard de Gassend. Quoiqu'il signât son véri-
table nom, ce fut une marque de distinction et d'égard que
de l'appeler Gassendi.
   On a consigné, dans les Annales des Basses-Alpes, une lettre
bien honorable pour le philosophe chrétien. C'est une série
de conseils qu'il adressait à son neveu, qui venait de débuter
à Digne, dans la carrière d'avocat. Le chrétien et l'homme
d'honneur peuvent-ils mieux se montrer dans tout leur jour
que par des avis comme ceux-ci :
   » Il faut, dès le commencement, être résolu de n'entrepren-
dre jamais point de cause qui ne soit, ou que vous ne jugiez
bonne, ou à tout le moins tellement problématique que vous
la teniez même plus vraisemblable que son opposée. Car
premièrement, Dieu vous ayant destiné â être un des organes
de la justice, vous êtes obligé à ne rien procurer que de juste,
et, faisant autrement, vous seriez tenu à restitution à l'adver-
saire de votre partie. Quand une partie s'adressera à vous, il
ne faut point d'abord juger sa cause mauvaise, mais prendre
du temps pour la bien examiner, et, ayant trouvé qu'elle ne
vaut rien, il faut constamment conseiller à la partie de s'accom-
moder, et en telle façon que ce soit, ne lui servir point d'ins-
trument à faire une injustice...»
   Toute la lettre respire cette droiture et cette philosophie
pratique.
   Le testament de Gassendi, testament simple et lout—à—fait
chrétien, termina dignement sa noble carrière. On est saisi
d'admiration, lorsqu'on voit l'un des plus grands hommes du
XVI e siècle, après avoir rempli des fonctions importantes, ne
laisser en mourant que quelques livres, quelques instruments,