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UN MOT SUR L'ÉGLISE DE BROU. Il y a quelque temps que cette Revue annonçait, avec les éloges qu'il mérite, le livre publié par M. Baux, l'Histoire de l'Eglise de Brou. Tous ceux qui portent quelque intérêt aux monuments dont la France s'enorgueillit à juste titre, savent assez que Brou, ce riche et splendide mausolée de deux royaux époux, est aujourd'hui, plus que jamais, cher aux habitants de la Bresse et à la ville de Bourg. N'ont-ils pas raison d'en être fiers, et de sentir un vif amour pour une Eglise que le voyageur vient admirer de loin? Les utiles recherches de M. Baux serviront, sans doute, à faire apprécier da- vantage un monument dont on sait aujourd'hui l'auteur, Loys Van Boghen.qui va détrôner Coloraban et la légende attachée à ce nom. Il nous semble qu'on peut espérer quelque chose de plus de toute cette attention qui se déploie autour de l'Eglise de Brou, et qui sus- cite à la fois un historien dans la ville de Bourg, un architecte des- sinateur dans la ville de Lyon. Après MM. Baux et Dupasquier, tout n'est pas fini. Une récente visite à Brou nous a fait faire de tristes réflexions sur les détériorations assez rapides que subit un monument qui per- dra beaucoup, si l'on n'y apporte pas un remède prompt et efficace. Ce que nous allons dire n'est point une exagération, ni une affaire de mauvaise humeur, c'est tout simplement une sérieuse pensée d'intérêt pour une Eglise qui risquerait de souffrir étrangement de notre époque, cependant si artistique. Les visiteurs, et ils sont nombreux, ne viennent pas toujours avec le respect et la réserve que demanderaient les merveilles du sanctuaire de Brou. Ce que l'œil devrait seul admirer, une main profane ose souvent l'atteindre ; heureux encore le marbre et la pierre, quand la canne ou le parapluie, cherchant à en indiquer la beauté, ne va pas les frapper imprudemment/ Il nous semble que les grilles qui protègeut le tombeau de Philibert et de Marguerite sont trop rapprochées des statues, et permettent conséquemment aux mains indiscrètes de les atteindre. Les jolies statuettes qui ornent le tour d'un mausolée sont des travaux trop délicats pour ne pas être mis plus soigneusement à l'abri de toute tentation. Il faut ajouter que ces grilles, déjà trop insuffisantes pour défendre leurs trésors, nuisent singulièrement à la liberté du coup-d'œil. . La chapelle de la Vierge était autrefois pavée tout entière en briques peintes dont chaque carreau représentait des têtes de grands personnages, ou d'illustres saints. Non seulement le temps, mais encore l'incurie ou la complaisance les ont laissé détériorer ou emporter pour de l'argent. Il est quelques-uns de ces carreaux qui ont été payés vingt francs et plus. Il en est d'autres qui ont été donnés à tels artistes que nous pourrions nommer. Le peu qui reste de ces délicates peintures ne devrait-il pas être recouvert d'une