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                   SUR L'ÉGLISE DE BROU.                     35

sila pas à se parjurer. L'intérêt des Flamands prévalut aussi
sur les dangers d'une semblable fourberie.
   Mariée au Dauphin, élevée par les soins de la vertueuse
duchesse d'Orléans, au château d'Amboise, Marguerite, cette
tendre fleur, ne devait pas s'épanouir au soleil de France ;
répudiée par une politique déloyale, rendue aux Flamands,
elle est remariée à 17 ans au prince de Castille.
   C'est en allant en Espagne, dans sa traversée par mer,
après et non pendant une affreuse tempête, qu'elle improvisa
l'épitaphe badine, si connue, d'une spirituelle originalité,
objet, dans le livre de M. Baux, d'une judicieuse rectifica-
tion historique.
   Ce mariage avec l'héritier de la couronne d'Espagne eut
une prompte et malheureuse fin. Le prince mourut dans
l'année même, laissant sa jeune veuve brisée par la douleur.
   Après deux ans passés à la cour de l'Empereur, son père,
adonnée à la culture des lettres et des arts, sans rester étran-
gère aux affaires publiques, Marguerite, la princesse la plus
accomplie de son temps par les grâces de sa personne et
les agréments de son esprit, fut recherchée par de hauts
prétendants , et leur préféra Philiberl-le-Beau, duc de
Savoie.
   Modifiant les qualités de ce prince, flatté par les histo-
riens officiels de la maison de Savoie, l'auteur des Recherches
en fait un portrait moins partial et plus vrai : il le peint,
d'après des autorités moins suspectes, livré exclusivement à
ses plaisirs, aimant le faste, la chasse avec passion, peu apte
aux affaires, laissant à d'autres mains le gouvernement de
ses étals, du reste aimé de ses sujets pour son aménité et
sa bonne mine.
    Epouse du duc de Savoie, Marguerite appartient désor-
mais à la province de Bresse, sa patrie adoptive, sa terre
d'affection.