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 les plus grands historiens des temps modernes ; les uns ont
 fait de l'histoire un plaidoyer philosophique ou religieux : ex-
 clusivement préoccupés d'une idée, ils ont trié et accumulé les
preuves qni en assuraient le triomphe, et puis ça été tout : ce
qui ne venait pas à l'appui du système, ils l'ont repoussé; ce
qui l'eût condamné, ils l'ont défiguré ou nié: à la tête de cette
école on place Bossuet et Voltaire, deux hommes qui n'eurent
de commun que le génie : Bossuet voulut asseoir le catholi-
cisme sur l'histoire; Voltaire voulut saper le christianisme par
l'histoire. Bossuet, intelligence large et synthétique, grand
théologien, grand orateur, grand historien, essaya d'enchaîner
au pied de la croix la terre que se partagent tant de croyances
opposées , mais, séduit par le prestige de cette majestueuse
unité, il oublia que la civilisation européenne eut toujours des
rivales, qui l'ont quelquefois éclipsée, et vit trop le monde
dans l'Église. Voltaire, esprit satirique et de mauvaise foi,
groupant ses adroits sophismes sur les contradictions appa-
rentes, semant le ridicule à pleines mains, prodiguant les
saillies de son âpre ironie, ébréchant toute surface de ses
morsures opiniâtres, confondant dans ses sarcasmes toutes
les religions parce qu'il ne croyait à aucune religion, Voltaire
est un déplorable exemple des erreurs où peuvent s'abîmer
les plus beaux talents ; sans vouloir établir une comparaison
entre le dernier des Pères de l'église et le coryphée de la phi-
losophie du XVIIIe siècle, la critique a décidé que si Voltaire
futdéclamateur et passionné, la méthode exclusive de Bossuet
laisse quelque chose à désirer, et ne s'est pas déclarée satis-
faite.
   D'autres ont fait de l'histoireunedissertationpolitiquejs'éla-
yant d'un certain nombre de données, ils ont travaillé à coor-
donner un système; ici encore, nous adressons à peu près les
mêmes reproches ; n'est-il pas à craindre que l'étude appro-
fondie des faits ne donne un démenti formel à ces mensonges
d'un esprit partial, qu'emporté par l'imagination, par l'amour
de son œuvre, on ne présente comme des vérités les erreurs