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de sa santé, et vivait beaucoup chez elle. Le monsieur allait
présenter ses devoirs à cette belle voisine une fois tous les ans,
vers Noël. Lui-même passait pour dévot.
   Cependant la dernière année qui était la sixième de ce genre
de vie, on commença à soupçonner qu'il pouvait bien y avoir
quelqu'intelligence entre les deux voisins ; on prétendit, dans
la maison, que la dame écrivait souvent au jeune Dauphinois:
lui, si rangé autrefois, ne rentrait plus le soir qu'à des heures
indues. Vers l'automne, il partit pour Grenoble, comme à l'or-
dinaire ; mais il ne revint plus, et on apprit qu'il s'était marié.
Il avait même épousé la fille d'un riche juif, qui avait un nom
si ridicule, que je n'ose le répéter.
   La dame fit venir des ouvriers de Valence qui exécutèrent
de grands changements dans son appartement. Elle avait l'air
fort malade. Elle se fil conseiller l'air du midi, et s'embarqua
sur le bateau à vapeur, puis s'établit à la Ciotat; mais un mois
environ après son arrivée dans cette petite ville, on la trouva
asphyxiée dans sa chambre. Elle avait brûlé son passeport et
démarqué son linge .
   La justice fit interroger les ouvriers de Valence : ils décla-
rèrent que la dame les avait employés à détruire un escalier
 qui montait au second étage de la maison qu'elle habitait, et
 devant laquelle nous venons de passer.


                                           Lyon , le 4 juin.


   Une chose m'attriste toujours dans les rues de Lyon, c'est
la vue de ces malheureux ouvriers en soie; ils se marient en
comptantsurdes salaires qui, tousles cinqou sixans^manquent
tout à coup. Alors ils chantent dans les rues; c'est une manière
honnête de demander l'aumône. Ce genre de pauvres dont j'ai
pitié me gâte absolument la tombée de la nuit, le moment le
plus poétique de la journée; c'est l'heure à laquelle leur nom-
bre redouble dans les rues. En 1828 et 29, je vis les ouvriers