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    Or , si les langues sont le premier trésor de l'homme
social, quoi de plus curieux et de plus utilement philoso-
phique que de remonter à l'origine de leurs éléments cons-
titutifs, d'assister à la formation des mots et de saisir, avec
le rapport entre le signe et son objet, l'impression que fit
cet objet sur le créateur du signe ? Quoi de plus instructif
que d'étudier un radical croissant et se multipliant, comme
un germe, en mille variétés?
    Certes, nous ne demandons pas qu'un professeur de lit-
térature ancienne aille fouiller dans l'hébreu, le sanskrit
ou le celtique pour retrouver une origine perdue 3 mais en
se circonscrivant dansles langues de son ressort, il lui reste
encore un champ large et fécond à exploiter. Que de mots
imitatifs le grec renferme ; que de formes il donne à une
même racine pour lui faire signifier toute une famille d'i-
dées ! suivre une racine dans toutes ses ramifications à tra-
vers la langue grecque, et de là à travers le latin et jusque
dans le français, pense-t-on que ce soit là un exercice sans
profit et sans intérêt? Quel parti un habile helléniste, com-
me M. Démons, pourrait tirer de l'emploi judicieux du di-
 gamma éolique, l'éolien ayant formé le latin, et le latin étant
 passé en si grande partie dans notre langue?
    Nous terminerons-là nos observations sur le cours de lit-
 térature ancienne. C'était pour nous un devoir de rendre
 hommage à la science et aux efforts consciencieux de
 M. Démons; ce devoir nous a été doux à remplir; mais
 c'était pour nous un autre devoir de dire ce que la mé-
 thode du professeur nous semble avoir de vicieux en soi et
 d'incomplet relativement aux exigences et aux besoins de
 notre époque.
                                           J.-J.-F. HUE.