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210 « de satin noir , et collet renversé ; montés sur mules, harna- « chées et houssées du même velours , etc. » , et en grand « nombre , car il est bon de le remarquer.... » El notre roi Henri II, au dire de Mézerai^ portait seul des bas de soie, et les souverains réservaient la soie pour eux seuls ! c'est une plaisante idée , en vérité , que de revêtir le roi, un jour de noces, à la cour, d'accoutrements moins riches, moins rares , moins précieux que ceux du dernier des garçons bouchers d'une ville de province. Me croira-t-on quand je dirai que tout cela n'était que peu de chose en comparaison de la magnificence des fêtes offertes au même Henri II et à la reine son épouse, à la même époque? Quels termes employer pour montrer ces nombreux et immen- ses navires , construits exprès sur les bassins de la Saône , chargés de combattants qui livraient le velours et le satin de leurs vêtements aux hasards d'une bataille simulée. Comment peindre ces galères à l'antique, construites pour porter la reine et sa suite, flottantes au milieu de nuées de barques, couvertes de draperies précieuses, éblouissantes de pierreries, d'armes dorées , ruisselantes d'eaux de senteur, garnies d'ad- mirables buffets servis ; quel pinceau reproduira l'effet de cette galère tapissée de damas noir , ornée de tapis de Tur- quie , dans la grande salle de laquelle ballaient joyeusement les dames et les seigneurs de la cour , de manière que les por- tes étant ouvertes , la reine , assise à la proue , jouissait des agréments du bal et delà vue du combat naval. La narration de Paradin, auquel nous empruntons les principaux traits de ce tableau, semble tissue de soie , d'or et d'argent. Avec quelle complaisance il s'arrête sur la description deceBucen- taure ,remorqué au bruit des fanfares par une escorte debri- gantins merveilleux, traînant après eux des tapis, des lampâs, des velours, des étoffes de Turquie ; baignant dédaigneusement ces raretés de l'industrie lyonnaise et orientale dans les Ilots paisibles de la Saône, fendant l'eau de leur proue d'or à tête de cygne, à l'aide de rames rouges pourfilées et frangées d'ar-