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nière à se défendre des influences régnantes, et à fournir u n s
longue carrière au milieu des éléments qui en abrègent la
durée.
   Ce que je viens de dire du physique et du moral des habi-
tants de la Bresse ne paraîtra pas exagéré, si l'on jette les yeux
sur cet extrait de la statistique du département de l'Ain. Yoici
en quels termes on entre dans notre pensée :
   « Un teint pâle et livide, dit l'auteur de cette statistique,
l'oeil terne et abattu, les paupières engorgées, des rides nom-
breuses sillonnant la figure dans un âge où des formes molles
et arrondies devraient seules s'y faire r e m a r q u e r , des épaules
étroites,des poitrines resserrées, un cou allongé, une voix grêle,
une peau toujours sèche ou inondée par des sueurs débilitantes,
une démarche lente et pénible^ et tout l'appareil de souffrance
de l'organe pulmonaire; vieux à trente ans, cassé ou déerépità
quarante ou cinquante; tel est l'habitant de laBasse-Bresse et de
la Dombes, de ce vaste marais entrecoupé d e quelques terrains
vagues et de quelques sombres forêts. La santé est pour lui
un bien inconnu. Né au milien des causes d'insalubrité, il en
ressent de bonne heure la funeste influence. L'enjouement
de l'enfance, l'hilarité de la jeunesse s'y observent rarement.
 Un état valétudinaire tient lieu chez lui de la santé ; il s'endort
 au sein des souffrances ; son réveil est pour la douleur. Les
 organes principaux de la vie intérieure sont dans un état de
 faiblesse habituelle ; delà une indifférence parfaite pour les
 maux d'autrui et pour les siens propres : l'habitant de ces
tristes contrées semble perdre avec une sorte de stoïcisme les
 êtres qui lui sont les plus chers (1). »
  11 faut être bien oublieux des intérêts de l'humanité et se
montrer plus préoccupé des choses que des personnes pour
nier l'influence malfaisante des étangs sur la sanlé, ou seule-
ment pour taxer d'exagération les réciLs qui en ont été faits,
à diverses époques, dans des vues purement philanthropiques,


   ;1) Médecine Ugale de Fodcrc, t. v, p. I J S ,