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   On avait d'abord rélégué dans le coin le plus obscur du salon une
excellente étude de M. Laurasse. Ce n'est pas une simple étude :
le but du peintre a été évidemment d'exprimer la tendresse et la
passion, il a réussi ; et cela a d'autant plus de mérite qu'à Lyon,
presque tous les peintres n'en tiennent aucun compte. On a bien fait
de la mettre à un meilleur jour. Pourquoi la commission n'a-t-elle
pas encouragé ce jeune artiste ?
   L'étude de Bonirote, portant le n° 15, est bien dessinée; l'ex-
pression en est naïve.
   La Prédication sur les ruines du temple de Pallas est à la fois un
morceau d'architecture et un tableau de genre. Le monument est
traité avec prédilection et conscience; la couleur en est bonne.
Les figures, surtout deux femmes et un homme revêtu d'un manteau
bleu, sont agréablement dessinées et vigoureusement peintes. Quel-
ques études du même auteur font espérer mieux encore.
   Les Braconniers surpris par des gardes, du peintre qui s'est
rendu coupable de la Jeanne Gray, ne valent pas mieux que cette
dernière production... Il règne dans ce tableau une transparence vi-
treuse fort désagréable ; on n'y trouve aucune solidité. Les quadru-
pèdes font tort aux bipèdes. Les chiens sont habilement peints. Le
gibier mort ne les vaut pas.
   En fait d'ébauches, celles de Léon Coignet me plaisent, surtout
l'Egypte; l'accablement de la figure donne une juste idée du désert
brûlant, enveloppé de vapeurs enflammées.
   M. Drivet a donné une bonne copie d'un tableau de Raphaël. Voilà
bien ses belles vierges aux contours si suaves, si purs ! C'est bien là
cette rondeur des formes, cette suavité d'expression. J'ai dit qu'une
bonne copie n'était pas aussi commune qu'on le pense ; ce n'est
pas tout de reproduire les lignes, il faut encore reproduire ce qu'elles
veulent exprimer. Pour cela, il faut comprendre, et ce n'est pas
chose facile. C'est sans doute dans ce sens que Raphaël disait : Com-
prendre , c'est presque égaler.
   Le portrait, exposé par M. Reuille, est celui d'un marquis ; voyez
plutôt la couronne qui surmonte son écusson ; la tête, éclairée seule,
a beaucoup d'effet. J'aime assez qu'on se place franchement dans