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grés sensibles. Le plus misérable des barbouilleurs, le plus
indigne des ménétriers , le dernier des tailleurs de p i e r r e s ,
prétendent au nom glorieux d'artiste. Pourquoi le leur refu-
ser? C'était aux siècles futurs, c'était, si vous aimez m i e u x ,
à la génération qui suivra la nôtre, de recueillir, au milieu
des noms que vous citez et de ceux que vous ne citez pas ,
les noms qui doivent servir dans l'avenir de point de com-
paraison pour l'histoire de l'art, et d'auréole pour notre épo-
que. Quelques citations rendraient ce que je veux dire
bien plus compréhensible, mais je m'abstiendrai de n o m m e r
même les hommes les plus éminents dans leur spécialité.
Aucun des artistes vivants ne peut se soustraire à la critique ,
mais votre livre n'est pas une critique , et toute comparaison
entre eux dans un livre qui prétend rester et ne discute p a s ,
est une offense pour l'inférieur, sans augmenter la gloire du
supérieur.
     Si vous teniez absolument à nous donner une idée du mou-
 vement artistique au XIX0 siècle, que ne terminiez-vous par
 quelques pages de développement sur l'influence que peu-
vent avoir dans les arts la religion , le puritanisme politique ,
l'aristocratie, la p a u v r e t é , l'argent. Ces considérations gé-
nérales auraient plu à tout le monde , elles auraient servi de
j a l o n s , aussi bien et même mieux que des listes imparfaites,
 dont les plus beaux noms nous sont déjà connus et c h é r i s ,
tandis que d'autres ne méritent pas même notre attention.
   Que , si maintenant, l'on nous accuse d'avoir trouvé trop à
blâmer chez M. Dussieux, nous répondrons que nous avons
étudié son livre avec trop d'intérêt, pour en parler légère-
ment. La plupart de ses fautes, sont celles des auteurs où
il a puisé; la plupart de ses qualités sont bien à lui. Nous y
trouverions aussi une ample matière à éloges , mais nous se-
rions entraîné trop loin , s'il en fallait donner un en particu-
lier à chacune des bonnes choses qu'il renferme. D'ailleurs,
tout le monde sait qu'il est infiniment plus facile de distribuer
le blâme que la louange. Nous aimons mieux engager le public