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85 grés sensibles. Le plus misérable des barbouilleurs, le plus indigne des ménétriers , le dernier des tailleurs de p i e r r e s , prétendent au nom glorieux d'artiste. Pourquoi le leur refu- ser? C'était aux siècles futurs, c'était, si vous aimez m i e u x , à la génération qui suivra la nôtre, de recueillir, au milieu des noms que vous citez et de ceux que vous ne citez pas , les noms qui doivent servir dans l'avenir de point de com- paraison pour l'histoire de l'art, et d'auréole pour notre épo- que. Quelques citations rendraient ce que je veux dire bien plus compréhensible, mais je m'abstiendrai de n o m m e r même les hommes les plus éminents dans leur spécialité. Aucun des artistes vivants ne peut se soustraire à la critique , mais votre livre n'est pas une critique , et toute comparaison entre eux dans un livre qui prétend rester et ne discute p a s , est une offense pour l'inférieur, sans augmenter la gloire du supérieur. Si vous teniez absolument à nous donner une idée du mou- vement artistique au XIX0 siècle, que ne terminiez-vous par quelques pages de développement sur l'influence que peu- vent avoir dans les arts la religion , le puritanisme politique , l'aristocratie, la p a u v r e t é , l'argent. Ces considérations gé- nérales auraient plu à tout le monde , elles auraient servi de j a l o n s , aussi bien et même mieux que des listes imparfaites, dont les plus beaux noms nous sont déjà connus et c h é r i s , tandis que d'autres ne méritent pas même notre attention. Que , si maintenant, l'on nous accuse d'avoir trouvé trop à blâmer chez M. Dussieux, nous répondrons que nous avons étudié son livre avec trop d'intérêt, pour en parler légère- ment. La plupart de ses fautes, sont celles des auteurs où il a puisé; la plupart de ses qualités sont bien à lui. Nous y trouverions aussi une ample matière à éloges , mais nous se- rions entraîné trop loin , s'il en fallait donner un en particu- lier à chacune des bonnes choses qu'il renferme. D'ailleurs, tout le monde sait qu'il est infiniment plus facile de distribuer le blâme que la louange. Nous aimons mieux engager le public