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 DE L'ART CONSIDÉRÉ COMME SYMBOLE DE L'ÉTAT SOCIAL, par Louis
   DUSSIEBX, in-8°. — 1838.
 ENCORE QUELQUES MOTS SUR LES MÉMOIRES D'UN TOURISTE, par
   FKÉDÉRIC STENDHAL.

                                  I.

     Les arts se popularisent en France. Nos pères regardaient
  comme une supertluité l'étude de la musique et de la pein-
  ture ; celle de l'architecture et de la sculpture leur paraissait,
  à plus forte raison, complètement inutile pour les personnes
 qui ne devaient pas en faire un moyen d'existence. Après
 avoir partagé pendant nos premières années l'opinion de
  nos aïeux, et considéré la culture des arts plutôt comme
 une affaire de caprice et de délassement, que comme une
 chose sérieuse, nous sommes arrivés peu à peu à penser
 que les arts pourraient bien avoir en eux-mêmes un charme
 capable d'intéresser et d'activer l'imagination. Au mépris que
 nous avions v o u é , sur la parole de nos p è r e s , à tout ce qui
 avait été l'œuvre du génie des artistes français , pendant les
 dix siècles qui précédèrent Louis XIV, succéda une admira-
 tion sans bornes ; et un mépris non moins profond abaissa
 ce que nous avions exalté auparavant. La réaction fut vio-
 lente , comme elle l'est toujours dans les choses d'intérêt
 secondaire. On ne jura que par le classique et le romantique ;
 on se battit pour les écoles française , italique et byzantine ;
le rococo et la renaissance eurent leurs adorateurs et leurs
martyrs. On se lança d'abord des myriades d'épigrammes ;
les gros mots même ne furent point épargnés ; mais enfin,
les deux partis', voyant qu'ils ne convertissaient nullement
leurs adversaires, eurent le bon esprit d e tourner vers un
but sérieux et utile leurs goûts artistiques et l'enthousiasme
de leur imagination. De là , bon nombre de livres plu&
ou moins substantiels, élaborés dans des vues contradic-
toires avec plus ou moins de critique et de bon goût. Quel-