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une succession, mais une progression constante vers un type
plus parfait. La nature pétrit d'abord le noyau terrestre; puis
elle le couvre d'un règne organique; sur ce règne qu'elle
détruit, elle en crée un autre moins informe ; sur cet autre,
un troisième plus parfait ; sur celui-ci, un autre plus parfait
encore; ce n'est qu'au cinquième essai qu'elle s'arrête con-
tente d'elle-même. L'homme a surgi, la nature entre dans
le repos et l'immuabilité.
   L'homme, à son tour, va accomplir sa série progressive de
révolutions, aspirant vers un terme qu'il sera long-temps
à atteindre. Quel sera ce terme ? Moïse a fait la Genèse
de la nature ; qui fera la Genèse de l'humanité ?
   Sont-ce là les seules analogies de l'homme avec la natu-
re? Les plantes ont leur climat et leur patrie: certaines ne
peuvent vivre hors du sol paternel ; d'autres qui se laissent
transplanter sont longues à s'acclimater, ont long-temps l'air
d'étrangères ou d'exilées, néanmoins avec le temps elles se
modifient selon les exigences de leur patrie adoptive. De mê-
me, il y a des œuvres impossibles à concevoir ailleurs qu'aux
lieux où elles virent le jour. Les poèmes des Indous tien-
nent plus fort au sol de l'Inde que les forêts de bambous et
de palmiers ; Homère et Sophocle, fleurs locales, n'ont pu
s'épanouir tels que sous le ciel de l'Ionie, et dans le bassin
de l'Attique.
   De même encore nous verrons les peuples, dans leurs mi-
 grations, conserver à des dislances immenses de leur ber-
 ceau, leur type primitif; retracer leur origine, lors même
 qu'elle se sera effacée de leurs souvenirs, dans leur langue,
dans leur caractère, dans leurs habitudes intellectuelles et
 morales, et cela tout en s'harmonisant peu à peu avec la
 nature et les caractères de leur nouvelle patrie, de ma-
 nière à finir par ne plus faire qu'un avec elle. Aussi chaque
 continent formera-t il un tout parfait avec sa configuration,
 son climat, sa flore, sa zoologie et sa population. Les con-
 tinents sont comme des moules où Dieu a versé les races lui-